Léon Kengo wa Dondo, président du sénat congolais a, au cours de la séance d’ouverture de la session de septembre 2014, abordé la problématique d’une éventuelle révision constitutionnelle que le clan "Kabila" tente d’imposer.
Il sied de signaler que le sénat congolais a déjà épuisé depuis 2012 son mandat électif de cinq ans. Autant lui, les assemblées provinciales que les gouverneurs provinciaux et leurs gouvernements n’ont plus aucune légitimité et sont des institutions de fait.
De passage à Bruxelles en mars 2013, lors d’une interview, nous avions posé à monsieur Kengo cette question de mandat épuisé. Il nous avait répondu : « C’est pour cela qu’il y aura des concertations nationales » Lire notre article : Parlement belge. Lecture de Kengo sur la situation en RD Congo lien : http://www.cheikfitanews.net/article-parlement-belge-lecture-de-kengo-sur-la-situation-en-rd-congo-115916978.html
La prise de position de Kengo semble s’inscrire dans cette logique. Une inquiétude cependant. Lorsque le problème de la révision constitutionnelle sera abordé par le sénat, Kengo laissera-t-il la dynamique de l’assemblée aller jusqu’au bout, se réfugiant derrière le fait que ses propos d’aujourd’hui n’étaient que personnels ou, aura-t-il, comme aujourd’hui, le courage intellectuel de raisonner ses pairs, et même de peser de tout son poids dans la direction des débats afin que le bon sens, la raison et l’honnêteté triomphent, pour l’intérêt supérieur de la nation ?
Quitte à sacrifier les prébendes que le clan "Kabila" ne manquera pas de lui faire miroiter.
Et, la révision constitutionnelle étant une question de vie ou de mort politique pour le clan "Kabila", il est quasi certain, le jour où ce sujet sera abordé tant au sénat qu'au parlement, à l’entrée du palais du peuple, siège des deux chambres, des containers de billets de banque seront déjà positionnés… Pour l’achat des consciences !
Bruxelles, le 16 septembre 2014
Cheik FITA
Photo d'illustration: Kengo Wa Dondo le 5 mars 2013 à la commission des affaires étrangères du parlement belge. PHOTO cheikfitanews
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« Je ne peux clore ce mot sans me prononcer sur la problématique de la révision constitutionnelle qui agite tout le microcosme de la classe politique. S’agissant de ce débat, trois réflexions m’inspirent:
Primo: En tant que Co-président des• Concertations nationales, j’atteste que tous les délégués s’étaient mis d’accord et se sont même « engagés à consolider la cohésion nationale et à sauvegarder le pacte républicain notamment par le strict respect de la Constitution, particulièrement dans ses dispositions voulues Intangibles par le souverain primaire: la forme républicaine de l’Etat, le principe du suffrage universel, la forme , représentative du gouvernement, le nombre et la durée du mandat du Président de la République, l’Indépendance du Pouvoir judiciaire, le pluralisme politique et syndical, la non réduction des droits et libertés de la personne, la non-réduction des prérogatives des provinces et des entités territoriales décentralisées» (Recommandation n°1 du Groupe thématique « Gouvernance, Démocratie et Réformes institutionnelles »);
Secundo; En tant que juriste, je m’interroge comment une Constitution qui prévoit des dispositions intangibles peut-elle autoriser les institutions issues d’elle de modifier lesdites dispositions sans tomber dans un cas flagrant de violation intentionnelle de la Constitution! Les dispositions Intangibles de la Constitution -je pense Ici à l’article 220 et à tous ceux auxquels il renvoie -constituent le pivot, le socle, l’armature de toute l’architecture constitutionnelle. Comment peut-on les modifier sans détruire par ce fait même tout l’édifice constitutionnel construit dans la peine ! On n’est dès lors plus dans la même Constitution, mais dans une autre. Il ne faut pas tirer prétexte de la révision pour aboutir à un changement de Constitution. Cela n’est pas prévu par la Constitution en vigueur.
Tertio: En tant qu’acteur politique, je note que la Constitution du 18 février 2006 est issue du compromis historique de Sun City: l’Accord global et Inclusif. Les éléments de ce compromis sont repris dans l’Exposé des motifs et transposés notamment dans l’article 220. Comment peut-on prendre le risque d’altérer ce compromis politique sans menacer la cohésion nationale et la paix sociale!
Chers compatriotes,
Dans son Message à la Nation devant le Congrès, à l’occasion de la clôture des Concertations nationales, le Président de la République a déclaré, je cite: «Comme les Délégués à ces assises, je suis pour le respect par tous de l’esprit et de la lettre de la Constitution de la République dans son ensemble, telle qu’adoptée par le référendum populaire en 2005 ». Fin de citation.
J’invite la classe politique au respect des engagements, à la culture de la paix et de la réconciliation, à l’esprit de tolérance et d’alternance. Il est temps que notre pays dépasse le stade des querelles politiques byzantines pour se concentrer enfin sur les vrais problèmes du peuple: pauvreté, chômage, éducation, santé, infrastructures, environnement; bref, aux problèmes du développement socioéconomique du pays.
Sur ce, je déclare ouverte la Session ordinaire du Sénat de septembre 2014 et je vous remercie. »
Léon KENGO wa DONDO