Lors d’une conférence de presse tenue le vendredi 19 juin 2015 au Brussels Press Club Europ de Bruxelles et organisée par Congolobbying asbl, Félix Tshisekedi a déclaré : « Si monsieur Kabila s’entête dans sa logique, les événements vont le contraindre à aller dans notre sens, qu’il le veuille ou pas. »
Cette déclaration faisait suite à une question de journaliste qui attirait l’attention sur la réalité politique : un rapport de force en permanence. Durant le processus électoral en cours en RD Congo, monsieur Kabila avait sous sa coupe la CENI, commission électorale nationale indépendante. Celle-ci a publié un calendrier électoral « conflictogène », budgétivore, serré, en même temps, un nouveau découpage territorial était en instance d’exécution. « Monsieur Kabila ne serait-il pas tenté de continuer dans sa logique ? »
Pour Félix Tshisekedi, Secrétaire national aux relations extérieures de l'UDPS, la logique de monsieur Joseph Kabila, c’est de chercher désespérément un prétexte pour qu’il y ait un glissement dans le calendrier de la CENI, mais que ce glissement ne lui soit pas imputé.
Or la logique de l’UDPS est qu’il y ait un dialogue (où seraient abordés des questions purement techniques) qui permettrait de baliser le processus électoral en cours.
Pourquoi ce dialogue ? Voici ce qu’en a dit Félix Tshisekedi :
« Depuis que le pays est entré dans un cycle électoral en 2006, pour des raisons que l’on peut deviner aisément, et au grand dam de la communauté internationale qui, malgré ses 15 ans au chevet de la république Démocratique du Congo, ne peut se targuer d’en avoir obtenu un résultat retentissant. Cette incertitude se caractérise par les nombreuses tentatives pour contourner la constitution, par le manque de moyens pour assurer l’organisation d’élections crédibles, par les tergiversations de Joseph Kabila au sujet de son départ à la fin d’un mandat controversé et par cette inconnue qui est la réaction de notre peuple, qui endure tant de frustration jusqu’à ce jour.
« Devant cette situation de chaos annoncé, l’UDPS notre parti a proposé récemment dans une feuille de route, un canevas visant à trouver des solutions de sortie de crise par la tenue d’un dialogue politique, car, ne nous voilons pas la face, une crise politique couve en République Démocratique du Congo depuis les élections de novembre 2011. Et si nous n’y prenons garde, celle-ci va atteindre son paroxysme l’année prochaine, en risquant de prendre des tournures diverses, selon le développement de la situation. Car, par rapport au respect du chronogramme établi par la Ceni à travers son calendrier, et par rapport à la fiabilisation du fichier électoral et à l’incorporation des nouveaux majeurs (les électeurs en âge de voter), tout a pris du retard, un retard qui semble voulu pour favoriser le glissement que l’on peut imaginer au regard de ces manœuvres dilatoires. »
Plus loin dans sa communication, l’orateur du jour ajoutera :
« D’aucuns se demandent, à juste titre d’ailleurs, pourquoi l’UDPS se dit prête à participer à un dialogue avec un pouvoir finissant, alors qu’il serait plus simple d’attendre la fin du mandat de M. Joseph Kabila pour avoir la solution ? A ceux-là, nous leur conseillerons de se méfier des apparences ! Tout d’abord, le dialogue est une proposition de la communauté internationale, que nous avons souhaité voir se transformer en initiative. D’où notre réponse par la feuille de route. Celle-ci (la communauté internationale) constatant le très peu d’amélioration par rapport au processus électoral chaotique de 2011 et la dérive de plus en plus totalitaire du régime Kabila, a émis des signaux en forme de propositions pour favoriser un atterrissage en douceur, à l’heure de l’alternance qui se dessine à l’horizon 2016.
Ensuite, forte de l’expérience malheureuse vécue par notre peuple lors de cette même joute électorale de 2011, l’UDPS en a tiré les leçons en proposant de baliser la voie afin de déboucher sur des élections crédibles, et dans un climat apaisé. Ainsi, à partir de l’enrôlement des électeurs dans la base de données jusqu’à la proclamation des résultats, en passant par la désignation et la mission des témoins et observateurs, par la compilation des résultats et leur transmission au centre de traitement des données, la transparence doit être de rigueur afin de rassurer les uns et les autres quant à la crédibilité du scrutin. »
En répondant aux questions de la presse monsieur Félix Tshisekedi lancera même un avertissement :
«Dans toutes les manœuvres qu’il (monsieur Joseph Kabila) fait, il vise le glissement, nous avons une date limite, passé un certain seuil, L’UDPS ne prônera plus le dialogue, et préparera la population à prendre ses responsabilités le jour prévu du départ de Joseph Kabila, c'est-à-dire en novembre 2016 »
Monsieur Félix Tshisekedi a profité de cette conférence pour démentir une rumeur, une intox qui affirmait qu’il avait conclu un pacte avec Joseph Kabila afin de devenir son Premier Ministre.
« Pour terminer, permettez-moi de réagir sur un point qui me concerne personnellement. En fait, je tiens à tordre le cou, pour l’avoir entendue ci et là, à cette rumeur qui affirme faussement que j’aurais conclu un pacte avec le pouvoir de M. Kabila, en acceptant d’exercer les fonctions de 1er Ministre dans un gouvernement, disons-le, qui est soutenu au parlement par une majorité certes factice, et qui en plus, n’est pas de l’UDPS. Non seulement je ne l’ai pas fait, mais aussi je n’en ai jamais reçu l’offre. Je tiens à continuer mon combat pour la libération de mon pays et pour l’instauration d’un état de droit et de démocratie, dans lequel les congolaises et les congolais seront heureux et libres d’y vivre. Un état prospère que nous allons bâtir ensemble, avec nos divergences et nos différences, pour avoir un pays plus beau qu’avant dans la paix et l’amour du prochain. »
La conférence de presse a duré une quarantaine de minutes dans une salle qui a littéralement été prise d’assaut.
Bruxelles, le 20 juin 2015
Cheik FITA