1990, l’Afrique noire est secouée par le vent de la Pérestroïka. Des conférences nationales sont organisées ci et là, et en RD Congo également, alors Zaïre. Objectif, se débarrasser des partis uniques et des régimes dictatoriaux.
En occident, non seulement l’URSS disparaît, mais les pays alors appelés « pays de l’Europe de l’Est » s’émancipent. Aujourd’hui, un quart de siècle après, ces pays sont devenus des démocraties prospères. Et en Afrique Noire ? Et en RD Congo ?
25 ans après ce vent de changement, il est révoltant de constater que la RD Congo a raté le coche et n’a pas décollé.
Politiquement, à tous les niveaux, le pays est dirigé par des gens sans légitimité, pire, par des aventuriers.
Économiquement, les actuels dirigeants peinent à mobiliser un budget conséquent pour ses 70.000.000 d’habitants : à peine 10 milliards de dollars malgré les ressources naturelles énormes ; et pas d’infrastructures dignes de ce nom (bâtiments administratifs publics, routes, chemin de fer, autoroutes, métro, tram…)
Socialement, le peuple vit dans une misère noire : famine et malnutrition ; chômage à plus de 90%, pas de soins de santé, pas de logement digne, accès insignifiant à l’électricité, à l’eau courante, à l’Internet…
Culturellement, l’échelle de valeurs est totalement renversée : le mal est devenu le bien, le bien est devenu un mal. Règnent en maître, la corruption, l’impunité, le vol, la prostitution, le pillage, le mensonge, le détournement des deniers publics, l’absence de respect du bien public, du bien de l’autre, de l’autre…
La racine du mal ?
- Le régime de Mobutu dont la faillite avait indirectement ouvert la porte aux envahisseurs rwando-ougandais avec leurs laquais.
- Le régime de Joseph Kabila, incapable de créer une nouvelle élite et qui s’est rabattu sur des indécrottables mobutistes.
En 2015 et 2016, la RD Congo va organiser des élections à tous les niveaux. Une occasion pour le peuple souverain de se choisir les dirigeants qu’il veut. Mieux, de nettoyer l’arène politique.
Les élections sont-elles la meilleure solution aujourd’hui ?
Voyons ce qui est proposé en alternative :
Chasser les « imposteurs » par les armes ? Une fois au pouvoir, tôt ou tard on est bien obligé d’organiser les élections. On sait quand une guerre commence, on ne sait pas quand elle prend fin et avec quel bilan en perte de vies humaines. La guerre est une occasion pour tous les vautours qui n’attendent qu’une telle occasion pour dépecer la RD Congo. Les conséquences des pseudo-libérations de l’AFDL et du RCD sont encore là : des millions de morts et des déplacés, des milliers de femmes violées… Et un pillage monstre des ressources du pays par le Rwanda, l’Ouganda, alliés à des multinationales.
La révolution ou la rue ? Tôt ou tard on finit par organiser les élections… Des dérives style somalisation ne sont pas à exclure. Révolution, "soulèvement populaire" avec quel effet déclencheur ?
Les élections ? Un moyen pacifique pour changer de systèmes et d’animateurs.
Les élections de 2015-2016 seront-elles parfaites ? Non. Peuvent-elles être améliorées grâce aux leçons de 2011? Oui.
En face, il y a un régime finissant, impopulaire, coincé par ses propres textes de loi, embrouillé dans ses propres contradictions, avec un grand nombre de membres prêts à fuir le bateau car n’étant là que pour le profit, et donc naturellement disposés à trahir leur « Raïs » pour leurs propres survies.
Dans le camp du changement, y a-t-il des intellectuels et autres stratèges qui sont capables de donner le coup d’estocade ? Oui.
Le peuple congolais lui-même, est-il pour un changement en profondeur du système et des animateurs? Oui.
À titre d’illustration :
- Une mobilisation et une pression permanentes pour l’enregistrement des nouveaux majeurs sur les listes électorales peut-elle réussir ? Oui.
- Une réappropriation du processus électoral pour observer les élections, collecter tous les résultats sortis des urnes bureau par bureau, grâce à une mobilisation de la société civile en RD Congo en synergie avec les Congolais vivant à l’étranger est-elle possible ? Oui.
Voilà les vrais enjeux de l’heure pour tout Congolais.
Ainsi, pour les élections 2015-2016, deux choses s’imposent dès à présent:
- La mobilisation de toute la population et plus particulièrement des jeunes. Les 18-25 ans, ceux qui sont nés entre la CNS, conférence nationale souveraine, et l’entrée de l’AFDL doivent militer pour l’avènement d’un autre système, un système dépouillé d’antivaleurs, un système transparent qui met en avant la justice, la vérité, le mérite, la compétence, le travail… Un système capable de leur offrir une meilleure vie, à l’instar de tous les autres jeunes du monde… C’est possible.
- Le vote sanction. Durant au moins les dix dernières années, il y a eu à différents niveaux du pouvoir congolais, des individus qui se sont rempli les poches en pillant les caisses de l’état, l’argent de tout le monde. On retrouve ces pilleurs dans la plupart des circonscriptions : Et ils veulent revenir tout gentiment demander le suffrage du peuple pour de nouveau voler et piller ! Faut-il voter pour ces gestionnaires véreux? Non. Doivent -ils être sanctionnés? Oui. Qui sont-ils ? Il s’agit de certains anciens mobutistes impénitents qui s’étaient de nouveau infiltrés dans l’appareil étatique, et des kabilistes eux-mêmes.
Des mots d’ordre, des slogans de campagnes doivent-ils déjà être élaborés ? Nous pensons que oui.
En 2015-2016, l’éradication du mobutisme et du kabilisme s’impose-t-elle ? Oui car, la RD Congo mérite mieux.
Bruxelles, le 6 juillet 2015
Cheik FITA