le 7 juillet 2015, dans une proposition de résolution déposée par six groupes du parlement européen (PPE, S&D, ECR, ALD, GUE/NGL, EFDD) représentés par une centaine de députés, le parlement européen a demandé au régime de monsieur Joseph Kabila de libérer deux militants de Filimbi incarcérés à la prison de Makala : Yves Makwambala et Fred Bauma.
Cette proposition de résolution est très musclée : elle s’articule en trois parties : quatorze observations, 21 considérations pour se terminer par une vingtaine de demandes et recommandations, et qui peuvent être résumées ainsi :
- La dénonciation des pertes en vies humaines lors des manifestations de janvier 2015,
- L’appel aux autorités congolaises à libérer immédiatement et sans conditions Yves Makwambala et Fred Bauma,
- La nécessité de la liberté d'expression et d'association sans crainte d'être poursuivis ou persécutés;
- Les tendances du régime à poser des actes de torture ou de mauvais traitements,
- La violation flagrante par l’ANR des droits garantis par la constitution congolaise,
- La nécessité d’une enquête exhaustive, approfondie et transparente sur les événements de janvier et de mars 2015,
- La propension du régime à limiter la liberté d'expression, de réunion pacifique et d'association,
- La tendance à brimer l'opposition et les mouvements de jeunes,
- La nécessité de la liberté d’expression en période électorale,
- Le respect de la diversité et de l'opposition politique,
- La participation réelle à la gouvernance du pays de toutes les forces politiques, de la société civile et des mouvements pro démocratiques,
- L’encouragement à la création de mouvements tels que Filimbi,
- La nécessité de se conformer à l'accord de Cotonou sur les principes de démocratie, d'état de droit et de respect des droits de l'homme, parmi lesquels la liberté d'expression, la liberté des médias, la bonne gestion des affaires publiques et la transparence des mandats politiques,
- Le respect du calendrier électoral et la présentation d'un budget crédible;
- L’appel à la délégation de l’UE à Kinshasa de soutenir les défenseurs des droits de l'homme et les mouvements pro démocratiques;
- L’appel aux autorités judiciaires congolaises d'affirmer leur indépendance à l'égard de toute instrumentalisation politique,
- L’urgence et la nécessité d’établir la vérité sur les fosses communes à proximité de Kinshasa et ce, en écho de l'Union européenne et des Nations unies,
- La dénonciation de la fermeture illégale et la censure abusive des médias
La présente résolution sera transmise :
« au Conseil, à la Commission, à la vice-présidente de la Commission européenne et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, à l'Union africaine, aux gouvernements des pays de la région des Grands Lacs, au Président, au Premier ministre et au Parlement de la République démocratique du Congo, au Secrétaire général des Nations unies, au Conseil des droits de l'homme des Nations unies ainsi qu'à l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE. »
Après lecture de ce projet de résolution, un fait saute aux yeux : en maintenant en prison deux activistes de droit de l'homme, le régime de monsieur Joseph Kabila s’est mis à dos non seulement le parlement européen, mais aussi toutes les institutions européennes.
Bruxelles, le 10 juillet 2015
Cheik FITA
Lien pour lire le projet de résolution :
http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?type=MOTION&reference=P8-RC-2015-0690&language=FR