Dans une déclaration publiée le mercredi 25 mai 2016 à Kinshasa, le ministre congolais des affaires étrangères a déclaré que le retard du processus électoral actuel était dû à « deux causes objectives majeures, à savoir: l’absence des listes électorales fiables et inclusives, ainsi que celle d’un consensus sur le calendrier électoral. »
Et d'ajouter « Dans le premier cas, la solution est en vue avec le début du test pilote et l’acquisition prochaine de matériel requis. Dans le second, le dialogue convoqué par le Chef de l’État a pour objet de dégager un consensus sur un calendrier électoral global, les calendriers publiés antérieurement par la CENI ayant été, l’un après l’autre, rejetés par l’Opposition. »
Il a conclu en ces termes : « Plutôt que des invectives et procès d’intention, des partenaires loyaux, on attend qu’ils soutiennent franchement et concrètement la CENI et le dialogue politique national. »
Cette déclaration est contenue dans un communiqué plus long en cinq points et qui est en fait la réponse aux Conclusions du Conseil Européen sur la République démocratique du Congopubliées la veille à Bruxelles. Le Ministre des affaires étrangères congolais jette ainsi en pâture la CENI, Commission Électorale Nationale Indépendante qui a été incapable d'établir une liste électorale fiable depuis le lendemain des élections chahutées de 2011 jusqu'à ce jour.
Quant au consensus sur le calendrier électoral, cela est également de la faute de la CENI qui avait tout le temps de consulter et l'opposition, et la majorité présidentielle pour rédiger et publier un calendrier électoral consensuel, au lieu d'être à la remorque des calculs politiciens du clan Kabila qui cherche lui à se maintenir au pouvoir.
Afin de ne pas paraître comme le dindon de la farce, la CENI est en devoir :
1. D’accélérer l'enregistrement des électeurs, ce qui est faisable avec le progrès technique actuel,
2. De publier rapidement le vrai coût des élections incontournables de novembre 2016 à savoir, la présidentielle et les législatives. Les bailleurs de fonds étrangers pourraient ainsi venir rapidement au secours du processus électoral.
Plus la fin de l'actuelle législature et du dernier mandat du Président Kabila approchent, plus chacun voudra sauver sa peau dans le clan Kabila. La CENI n'a pas intérêt à servir de fusible au régime dans sa quête de survie, un bateau qui commence à prendre l'eau de toutes parts. Les risques de la colère du peuple étant très grandes en cas de crash politique, l'heure est venue pour la CENI, d'être vraiment « Indépendante » et de tirer son épingle du jeu… Bien avant un éventuel sauve-qui-peut général.
Bruxelles, le 26 mai 2016
Cheik FITA