L'Info en Ligne des Congolais de Belgique reprend ci-dessous un article publié il y a 5 ans, et qui rappelle la tragédie vécue par Kinshasa à partir du 2 août 1998, il y a 18 ans, suite aux visées expansionnistes du Rwanda,
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Il y a treize ans, jour pour jour, des coups de feu retentirent à Kinshasa. C’était le début d’une guerre venue du Rwanda avec quelques congolais poussés au-devant de la scène en hommes de paille. La raison invoquée par le Rwanda ? Protéger ses frontières… à deux mille kilomètres à l’intérieur de la RD Congo !
Une guerre « éclair » devait permettre un changement politique à la tête de la RD Congo. Pire, Kigali se préparait à transformer la RD Congo en une colonie rwandaise.
Quelques jours plus tard, ces forces étrangères coupèrent le courant à partir du barrage d’Inga. A Kinshasa la capitale, nous vivrons ainsi de longues semaines sans eau ni électricité. Les chaises furent transformées en bois pour la cuisson des aliments.
Au fil des jours, nous maigrîmes tous.
Dans des couveuses désormais sans électricité, des bébés mouraient. Pareillement pour les malades dans les hôpitaux, faute d’intervention.
Tout était arrêté : administration, transport, approvisionnement.
La vie quotidienne était devenue un calvaire pour nous kinois habitués à vivre au jour le jour.
Les denrées alimentaires en provenance du Bandundu et du Bas-Congo n’arrivaient plus à Kinshasa. La capitale était progressivement asphyxiée.
Pour moudre le maïs, nous fûmes réduits à le piler dans le mortier. Bidons à la main ou sur la tête, chaque jour, nous descendions en files interminables vers le fleuve Congo pour nous approvisionner en eau.
La phrase suivante de feu Wendo Kolosoy exprimera à jamais ce moment pénible : « Tozangi mayi solo, likolo ya ba nyangalakata »
Des grandes puissances ? Silence complice. Notre misère n’intéressait personne. Seule était médiatisée, l’avancée des forces pro-rwandaises pour la prise supposée prochaine de Kinshasa.
On connaît la suite. Kinshasa ne fut jamais prise. Mais il y eut une longue guerre très meurtrière. De millions de déplacés, des millions de morts, directement ou indirectement. Les deux tiers du pays furent occupées militairement par des forces étrangères.
A défaut de colonisation, dans des officines, des plans de balkanisation de notre pays étaient envisagés.
Les conséquences de cette aventure se ressentent jusqu’à ce jour.
Cette date du 2 août est une date noire pour le Congo.
Chaque congolais devrait le savoir, l’apprendre à ses enfants, et toujours s’en souvenir.
Cheik FITA
Bruxelles, le 2 août 2011