Samedi 30 septembre 2017, dernier jour que le « Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement» avait donné à la CENI pour publier le calendrier électoral, sous peine de ne plus reconnaître les animateurs des institutions congolaises actuelles, un crash d'un avion Antonov a eu lieu en périphérie de Kinshasa. Tous les passagers sont décédés et parmi eux des pilotes ukrainiens.
Selon plusieurs sources, l'avion contenait du matériel militaire, sûrement destiné au front à l'est du pays.
Le gouvernement désormais démissionnaire a donné sa version des faits, sûrement truffée de mensonges, comme à son habitude.
En 1993, alors que le Maréchal Mobutu était déjà hors mandat, illégitime, impopulaire et vomi par le peuple, il y eût un crash d'Antonov sur le marché type K de Kinshasa avec à la clé plusieurs morts. Les pilotes de cet Antonov étaient des Ukrainiens. Ils eurent la vie sauve et furent emprisonnés à Makala avant d'être plus tard exfiltrés par leur pays.
Lors d'une enquête que nous avions effectuée sur ce crash, en tant que parlementaires avec comme Président de la commission monsieur Valentin Mubake, nous apprîmes des choses graves :
Entre l'aéroport de Ndolo et la destination de l'Antonov, il y avait un grand trafic peu orthodoxe. Et les différentes compagnies qui assuraient ce trafic étaient la propriété des proches du Maréchal Mobutu. Ce trafic était à l'image du pays à l'époque : une grande corruption, une course effrénée des apparatchiks vers l'enrichissement sans cause, même au détriment de la sécurité du pays.
Une chose était sûre à l'époque, le régime illégal et illégitime de Mobutu allait irrémédiablement vers sa fin, malgré que régulièrement, des opposants étaient débauchés dans l'espoir vain d'avoir une certaine légitimité. Quand ce régime allait-il rendre l'âme ? Personne ne pouvait répondre avec exactitude. Mais déjà dans l'opinion tout le monde disait ceci de ce régime : « Esili ». Oui, ce régime pourri, corrompu, désarticulé, structuré autour d'un seul individu finit par se casser la gueule.
Vingt ans après la chute de Mobutu. On a l'impression d'assister à une répétition accélérée de l'histoire :
- On a en RD Congo un régime illégal, illégitime, impopulaire, honni par le peuple dont les animateurs se cramponnent au pouvoir, et parmi eux, des débauchés de l'opposition,
- Le régime est structuré autour d'un seul individu qui a tous les pouvoirs entre les mains,
- Ironie de l'histoire, ce régime vient d'être gratifié de son crash d'Antonov. Alors qu'il y a un bruit de bottes à l'Est de la République…
Comparaison n'est peut-être pas raison, mais une convergence d'autant de signaux négatifs confirme une exclamation qui monte de plus en plus dans la population.
Comme pour paraphraser le manifeste du citoyen congolais que nous, membres de la société civile et mouvements citoyens avons lancé ici à Paris le 17 août dernier : il y a un mot qui sort de plus en plus de toutes les bouches, et qui ira en s'amplifiant jusqu'à la fin : « Esili», Ina isha, Kwajiki, Imene...
Paris, le 1er octobre 2017
Cheik FITA