Durant longtemps, Joseph Kabila, le Président sortant et fin-mandat depuis décembre 2016 s’est adonné à un jeu très dangereux : jouer avec le temps.
Cela lui a tellement bien réussi en 2017 que certains ont cru que Joseph Kabila allait rebondir pour rester au pouvoir plusieurs années encore, et pourquoi pas rivaliser de longévité au pouvoir avec son modèle le Maréchal Mobutu.
En cette veille du début du mois d’août 2018, une question trotte l'esprit de plusieurs Congolais :
« Joseph Kabila sera-t-il vainqueur ou non de la marche du temps ? »
En RD Congo, le mois de juillet 2018 aura été marqué par l’ouverture des dépôts des candidatures à la présidentielle et aux législatives nationales. Quel sens cela revêt-il ?
Une nouvelle dynamique ayant sa propre logique s’est mise progressivement en marche, dynamique amorcée le 24 juin 2018 avec la convocation du corps électoral.
Cette dynamique en cours n'est contrôlée ni par l’opposition qui cherche à accéder au pouvoir, ni par le clan Kabila qui tente par tous les moyens à se cramponner à la tête du pays.
Comme dans une pente descendante, cette dynamique ne pourra s’arrêter qu’en son point de chute préprogrammé: la tenue inexorable et irréversible des élections en fin d’année, à quelques jours ou quelques semaines près.
Ayant réussi à voiler son jeu durant des mois, avec le mois d’août qui commence, Joseph Kabila va être rattrapé par le temps et obligé à jeter le masque au plus tard le 8 août.
Oui, dans son accélération, cette dynamique du temps va franchir un nouveau palier.
- Ou Joseph Kabila pose sa candidature en violation flagrante de la constitution,
- Ou Joseph Kabila ne pose pas sa candidature et désigne un dauphin.
Un choix cornélien car, dans les deux cas, le Président sortant n’aura plus d’emprise sur les conséquences de son acte.
S’il ose poser sa candidature en violation de la constitution, impopulaire au pays et banni au plan international qu’il est , il sera incapable de maîtriser les réactions qui s’en suivront. Sans compter que même dans son propre camp, il y a de moins en moins des personnes disposées à se suicider politiquement pour lui ou avec lui.
Le Président sortant sera comme quelqu’un qui marche sur la queue d’un chien : il sera mordu et pourchassé. L’issue de cette course-poursuite est toute indiquée : être jeté hors du pouvoir.
« Eloko na eloko, ezalaka na tango na yango », en lingala, « Kila kitu na wakati yake » en swahili… Oui « Chaque chose en son temps ». Le temps va imposer sa loi.
Joseph Kabila et son clan doivent se mettre à l’évidence : la roue du temps est en train de tourner inexorablement la page « Joseph Kabila ».
Avoir voulu régenter le temps a été une erreur fatale pour Joseph Kabila dans laquelle il a entraîné son clan.
Bruxelles, le 31 juillet 2018
Cheik FITA