A jour J-85, par rapport aux élections, l’opposition congolaise a tenu un meeting à Kinshasa sur le Boulevard triomphal.
Des dizaines de milliers de Congolais ont répondu à l’appel des principaux leaders de l’opposition, malgré les manœuvres du clan Kabila notamment ce communiqué de l’entretien de tous les bus de la Transcom ! L’objectif inavoué était d’empêcher que la population puisse se rendre massivement au meeting du Boulevard triomphal.
Que peut-on retenir des messages de différents leaders de l’opposition ?
- A l’unanimité, tous les leaders se sont prononcés contre l’usage de la « Machine à voter ». Si la CENI, Commission Electorale Nationale Indépendante, ne veut pas que le 23 décembre 2018 soit un jour de chaos, elle doit réfléchir à deux choses : Un plan B qui permettrait l’usage des bulletins de vote. 2. Trouver un compromis avec l’opposition lui garantissant que d’aucune manière , il ne pourrait être question de recourir aux resultats compilés par la « machine à voter », par exemple.
- Quant à la problématique du choix d’un candidat commun afin de battre à plate-couture le clan Kabila, les leaders se sont prononcés pour, d'une façon claire, en attendant une dernière rencontre de concertations. Et c'est imminent.
Que conclure à propos de l’événement ? Au moins deux choses :
- La re-appropriation progressive de « l’imperium » par le peuple.
- Participer au meeting du 29 septembre 2018 constituait pour le Peuple congolais, le souverain primaire, un exercice de récupération de son pouvoir. Cet appétit d’influer sur la marche du pays ira crescendo jusqu’au 23 décembre 2018, journée électorale.
- Le pouvoir finissant aura de moins en moins d’énergie pour freiner l’élan du peuple.
- Il y aura de plus en plus de meetings,
- Il y aura de plus en plus d’expressions populaires.
- Le pouvoir sortant ne pourra que constater ce « glissement » du pouvoir vers son propriétaire originel : le peuple.
- Même les militaires, les policiers qui sont loin d’être des imbéciles comprendront très facilement que leurs futurs chefs à brève échéance, ce sont ceux qui sortiront des urnes. Il sera donc difficile de leurs faire exécuter des sales boulots contre la population.
- La perte des repères pour les « »Kabilistes »
Joseph Kabila n’étant pas candidat, la RD Congo est entrée inexorablement dans une période de fin de règne. Ceux qui n’avaient que Joseph Kabila comme source de pouvoir doivent se remettre en question. Même dans le cas improbable où Ramazani Shadary sortait vainqueur, la continuité de la « jouissance » ne serait pas automatique.
Mais qui est naïf ? Au niveau du pays, si Kabila est impopulaire, Shadary est lui un illustre inconnu de nom et de visage. Il ne serait d’ailleurs pas exagéré d'affirmer que le jour du scrutin, plus de 80% d’électeurs seront incapables de reconnaître sa tronche sur les bulletins de vote !
L'impopularité de "l'autorité morale" ajouter à l'anonymat du "dauphin" ne peuvent que préfigurer une défaite cuisante dans les urnes... Même avec la "Machine à voter" comme douzième joueur.
Il y a donc un vent d’inquiétudes dans le clan Kabila. Que dis-je, panique à bord.
Fin 2016 le clan Kabila avait tout fait pour "glisser" par rapport échéances constitutionnelles et se maintenir au pouvoir?
Depuis quelques mois, le pouvoir « glisse » progressivement vers…L’opposition ! Le meeting du 29.09.2018 a donné un coup d'accélérateur à ce "glissement"!
Bruxelles, le 30 septembre 2018
Cheik FITA