Les jours s’égrènent inexorablement vers le 23 décembre 2018, jour des élections en RD Congo.
Avec ces élections, Joseph Kabila sera automatiquement éjecté de la présidence de la République congolaise.
Mais, oui, il y a un grand mais : Joseph Kabila a placé un dauphin dans la course présidentielle. Un dauphin qui lui doit tout, qui lui obéit et qui lui obéira au doigt et à l’œil, s’il était élu.
L’opposition congolaise en est-elle consciente ? Quelle stratégie met-elle en place pour gagner ?
Le conclave de Genève n’a pu réussir à désigner un leadership commun pour l’opposition. Durant les jours qui ont suivi le crash de ce conclave, les passions se sont déchaînées. Les frères d’hier, sont devenus subitement des ennemis jurés. Ils se sont tirés dessus à boulets rouges. Insultes, invectives, coups en dessous de la ceinture et même propos tribaux, tout y est passé. Durant une semaine, il n’y avait plus des critiques contre le clan Kabila.
C’était le règne du : « Tu n’es pas avec nous ? Tu es notre ennemi » ! Une diabolisation à outrance.
Maintenant que les passions se tassent progressivement, il est possible de s’exprimer sans se faire lyncher par un camp ou par un autre de l’opposition.
Quel est le point de la situation ?
- Hors mandat depuis décembre 2016, Joseph Kabila doit partir.
- Le 8 août 2018, avec la désignation d’un dauphin, Joseph Kabila avait mis lui-même un pied en dehors du pouvoir. Depuis ce jour-là, le Président sortant n’était plus maître de son destin. La non-participation de Joseph Kabila à la présidentielle du 23 décembre 2018 est une grande victoire pour le peuple congolais. Il sied de ne pas l’oublier, ni de minimiser cette victoire.
- Le 23 décembre 2018, la CENI, Commission Electorale Nationale Indépendante doit organiser les élections. Non seulement parce que beaucoup d’argent du contribuable congolais a été dépensé, mais surtout aussi parce qu'elle n'a plus de prétexte pour renvoyer le scrutin.
- Ce jour-là, le peuple aura l'opportunité de déraciner le deuxième pied de Joseph Kabila pour le planter hors du pouvoir. Ce sera la plus grande victoire du peuple congolais depuis qu’il avait engagé son combat contre le régime Kabila. Ce sera aussi l’occasion de rendre hommage à tous les martyrs de la démocratie. Ce sera enfin le début d’une autre ère.
- Le peuple congolais doit s’approprier la date du 23 décembre 2018. Ce jour-là, le peuple sera au dessus de tout. Ce sera son jour. C'est un jour rarissime dans l'histoire récente du pays.
Quelle attitude l’opposition à Joseph Kabila doit-elle désormais adopter ?
- L’opposition s’étant désormais scindée en deux, plus rien ne sert de pleurnicher. il n’est plus important de chercher à savoir pourquoi, ni qui a raison et qui a tort. Il faut juste prendre acte
- L’élection présidentielle étant à un tour, ce sera le premier en voix qui deviendra Président de la République. Et là il y a trois possibilités : ou le dauphin de Joseph Kabila l’emporte, ou ce sera le candidat d'un des deux camps de l’opposition.
- La solution pour se débarrasser de Joseph Kabila, c’est de barrer la route à son dauphin.
- Est-il possible de barrer la route au dauphin de Joseph Kabila ? Oui, en l’attaquant sur le bilan de son clan. Et rien de plus aisé :
- Mauvaise gouvernance,
- Pillage des ressources du pays,
- Misère noire imposée à la population : pas d’écoles, pas de routes, pas de soins médicaux, pas d’emploi, corruption généralisée, insécurité, tueries…
Les deux ailes de l’opposition congolaise devront avoir un point commun: mobiliser l'électorat pour un vote sanction contre le régime sortant, en laissant à l’électeur la liberté de choisir son « opposant ».
Le score du dauphin de Joseph Kabila devra obligatoirement être ramené à moins de 20%.
Protéger la victoire.
Remporter la victoire dans les urnes ne suffira pas. Le clan Kabila espère imposer son candidat grâce à la fraude, la falsification des résultats et le bourrage des urnes.
Le deuxième combat de l’opposition est de mettre des témoins et des observateurs dans tous les 90.000 bureaux de vote, d’avoir les preuves des résultats sortis des urnes de tous ces bureaux.
L’opposition doit d’urgence s’approprier le mot d’ordre de la société civile lancé depuis un mois par la plate-forme « Antenne Monde de la Société Civile de la RD Congo » à savoir : « Tous électeurs ? Tous observateurs ».
Oui, le jour des élections, l’opposition est en devoir de demander à tous les électeurs d’aller voter, de rester devant le bureau de vote jusqu’au soir, d’attendre le dépouillement des résultats puis leur affichage, et de photographier tous ces résultats puis de les diffuser.
La plate-forme « Antenne Monde de la Société Civile de la RD Congo » a mis au point une application pour compiler tous les résultats sortis des urnes.
Car, si fraude il y a, ce ne sera pas durant les heures qui suivent la clôture des votes. Ce sera bien plus tard, après le dépouillement, après la fermeture des bureaux de vote.
Les différents résultats devront avoir déjà été collectés par les observateurs.
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- La « machine à voter » ne sera alors réduite qu’au rôle d’imprimante des bulletins de vote, et ne pourra être d’aucune utilité immédiate au clan Kabila,
- Les électeurs fictifs non plus ne pourront être pris en compte car, avec la vigilance de tous les électeurs, le nombre des électeurs, sera celui qui se sera rendu aux urnes le 23 décembre 2018. La sommation des bulletins dépouillés sera le vrai fichier électoral.
Ainsi, les électeurs fictifs resteront fictifs.
L’opposition congolaise n’a donc plus qu’un choix à deux contraintes:
1. Barrer la route au dauphin de Joseph Kabila durant toute la campagne,
2. S’allier à la société civile pour l’observatoire des élections.
Bruxelles, le 18 novembre 2018
Cheik FITA