Le député Peter Luykx de la NVA, le plus grand parti belge a publié une déclaration sur la situation actuelle du processus électoral congolais.
Ci-dessous, ce texte dont l'original était en néerlandais.
Des élections devraient se tenir ce dimanche 23/12/2018 avec un retard de deux ans. Une passation démocratique de pouvoir entre deux Présidents vivants aurait été une première pour le pays. Au delà de l'espérance que cela suscite, la réalité est toute différente : l'opposition fait l'objet d'intimidation, les machines sont incendiées et le report des élections sur base des arguments vagues. Ce nouveau report des élections est la goutte de trop. La Belgique doit être conséquente et rompre le partenariat entre la Belgo-congolais.
Plusieurs signaux négatifs proviennent de ce pays de l'Afrique centrale. La commission électorale sollicite un énième report des élections et l'espace démocratique est plus que restreint. Les opposants populaires comme Jean-Pierre Bemba et Moïse katumbi ont été exclus de manière suspecte. Les opposants et journalistes subissent toutes sortes d'obstruction. La violence, la fraude et les intimidations sont monnaie courante. Un énième report est la dernière goutte.
Même les élections de 2011 se déroulèrent dans des conditions confuses et plusieurs irrégularités avaient été relevées mais il y avait, à cette époque, au moins, un semblant de contrôle assuré par la présence des observateurs internationaux. Cette fois-ci, aucune présence occidentale n'est tolérée, aucun observateur occidental pour veiller à un déroulement dans l'ordre : une absence totale de transparence. Les machines à voter vont remplacer le papier et le crayon traditionnel. Ces appareils entraînent non seulement des problèmes logistiques mais encore elles accroissent les probabilités de fraude massive. Le week-end dernier 8000 machines à voter se sont volatilisées dans un incendie mystérieux dans un entrepôt à Kinshasa. Le peuple congolais est de plus en plus convaincu que quelqu'un veut tripatouiller les résultats.
Si les élections sont transparentes Félix Tshisekedi est de tous les candidats celui qui a toutes les chances de l'emporter. Martin Fayulu le candidat désigné par consensus par une bonne partie de l'opposition est également soutenu. Mais le clan Kabila fait tout son mieux pour faire élire son propre candidat Emmanuel Ramazani Shadary. Cet ancien ministre de l'intérieur est une figure controversée et peu populaire. Une victoire de Shadary sur qui pèsent les sanctions de l'Union Européenne sera très peu crédible et ne permet pas de tourner le chapitre Kabila.
Les élections doivent être crédibles et transparentes. Étant donné qu'elles viennent encore d'être repoussées le gouvernement fédéral doit radier le Congo de la liste des pays partenaires. Quel est encore l'intérêt de soutenir financièrement un régime corrompu qui coup après coup ne respecte pas ses engagements ? Personne n'en tire profit, certainement pas le peuple congolais. Près d'une année passée le gouvernement fédéral, avec nous (N-VA) dans la coalition, avait décidé de réorienter les 25 millions d'euros d'aide directe aux autorités congolaises vers la société civile. On lançait ainsi un bon signal : la population ne peut être victime de la méconduite du régime.
Elle seule peut adopter une ligne dure à l'encontre des abus de ce régime et y mettre fin.
Cette mascarade électorale doit aussi faire prendre conscience aux autres partis que la diplomatie belge s'est durant des années beaucoup investie dans la région d'Afrique centrale sans que cela ne produise des résultats souhaités. Cela a été présenté des décennies durant comme une diplomatie de niche et toute voix critique se voit opposée l'argument que la connaissance de la région nous confer un rôle significatif sur la scène internationale : que nous sommes écoutés sur cette question. Mais lorsque une facture nous sera présentée à l'issue de ces élections, n'est ce pas là un hobby coûteux ?
En ce qui nous concerne, la réponse est plus que claire, Oui.
Pour la N-VA les partenariats futurs doivent être libres des sentiments historiques et poursuivre des objectifs clairs mais surtout mesurables. Cela doit être fait car les deux partenaires partagent la conviction qu'ils peuvent apporter le changement pour les citoyens, mais aussi qu'ils sont d'accord que les règles du jeu doivent être conjointement arrêtées. Autrement, comme dans toute relation, il est donc logique que les voies se séparent. Si nous appliquions ces principes au partenariat Belgo-congolais, nous aurions déjà dû nous retirer pour préserver notre crédibilité. Nous espérons que le prochain gouvernement fédéral fera preuve de la même fermeté et ne financera plus cette mascarade.
Peter Luykx (Afrikakenner) & Rita Bellens (specialiste ontwikkelingssamenwerking)
Lien pour la version néerlandaise:
https://www.peterluykx.be/nieuws/de-verkiezingen-in-congo-ook-een-kwestie-van-onze-geloofwaardigheid