Par KIMP.
In Journal "Le Phare" de Kinshasa, mercredi 2 septembre 2020
Martin Fayulu, un des leaders de Lamuka et candidat malheureux à l’élection présidentielle du 30 décembre 2018, vient d’enterrer la « vérité des urnes », laquelle lui a pourtant servi de fonds de commerce politique pendant plus d’une année, au pays comme à l’étranger. Revenu au pays il y a une semaine, après environ cinq mois passés aux Etats-Unis d’Amérique, il a automatiquement relayé le forum avorté du Centre Interdiocésain planifié par le professeur Bob Kabamba, dont le thème général portait sur la réforme de la loi organique instituant la Ceni (Commission Electorale Nationale Indépendante) et la loi électorale, avec en toile de fond la remise en cause des institutions issues du dernier processus électoral et leurs animateurs. Malheureusement, le coup monté a fait flop, faute d’adhérents attendus de la coalition au pouvoir, à savoir le FCC (Front Commun pour le Congo) et le CACH (Cap pour le Changement). A ce stade aussi, il a abandonné son fameux «Plan de sortie de crise», qui s’articulait autour d’une transition d’environ 2 ans, pilotée par Félix Antoine Tshisekedi, et lui-même comme président d’une méga-structure appelée Haut Conseil National des Réformes Institutionnelles.
On apprend, aux dernières nouvelles, qu’il a rejoint la rhétorique développée ces temps derniers par le pasteur Théodore Ngoy, un autre candidat malheureux lors de la dernière course à la magistrature suprême, selon laquelle le Président élu et actuellement en fonctions, Félix Antoine Tshisekedi, devrait être destitué par la Cour Constitutionnelle, puisque coupable du délit de « haute trahison ». Le Chef de l’Etat est en effet accusé, dans le cercle des partisans de Lamuka, d’avoir permuté illégalement deux hauts magistrats, à savoir Noël Kilomba et Jean Ubulu, de la Cour Constitutionnelle vers la Cour de Cassation, et partant violé la Constitution.
Martin Fayulu, qui se fait passer pour un défenseur acharné des prescrits de la Constitution depuis sa défaite électorale de décembre 2018 et la suite négative réservée à ses requêtes en contestation des résultats devant la Ceni comme la Cour Constitutionnelle, n’ignore pourtant pas la conséquence logique de sa démarche actuelle. C’est l’occasion de lui rappeler qu’en soutenant l’option de la destitution de l’actuel Chef de l’Etat, il roule automatiquement pour le retour du FCC (Front Commun pour le Congo) à la Présidence de la République, dont le candidat à la présidentielle, Emmanuel Ramazani Shadari, dauphin du Chef de l’Etat sortant, avait échoué dans les urnes.
Le retour de cette plate-forme politique électorale au somment de l’Etat serait en effet inévitable au regard de l’article 75 de la Constitution qui dispose : « En cas de vacance pour cause de décès, de démission ou pour toute autre cause d’empêchement définitif, les fonctions de Président de la République, à l’exception de celles mentionnées aux articules 78, 81 et 82, sont exercées provisoirement par le Président du Sénat ».
Les contradictions
de Fayulu
Lorsqu’en janvier 2019, la Cour Constitutionnelle avait déclarée recevable mais non fondée sa requête contestant les résultats de la présidentielle de décembre 2018, Martin Fayulu avait traité les magistrats de cette haute juridiction de tous les noms, les accusant d’être instrumentalisés par le FCC. Pourtant les deux magistrats dont il défend aujourd’hui, à savoir Noël Kilomba et Jean Ubulu, et pour la cause de qui il exige la destitution du Président de la République en exercice, s’étaient prononcés eux aussi contre sa « fameuse vérité des urnes ».
Que s’est-il passé pour que cet acteur politique se mette, sans transition, à soutenir deux hauts magistrats qu’il avait jeté, en janvier 2019, dans le même panier que leurs collègues de la Cour Constitutionnelle qu’il accusait d’avoir tripatouillé les procès-verbaux des résultats de la présidentielle de décembre 2018 ?
Quant à la démarche de Fayulu visant manifestement le retour du kabilisme au sommet de l’Etat, elle est porteuse d’un agenda caché que des millions de Congolaises et de Congolais seraient curieux de connaître. A quel prix va être « vendu » le mandat de Félix Antoine Tshisekedi au FCC ? Ce leader de Lamuka, au lieu de continuer de jouer à cache-cache, devrait avoir l’honnêteté et le courage de dire à ses compatriotes congolais pour quel camp politique il roule en attendant les élections de 2023.
S’il est réellement de l’opposition républicaine, il ne devrait pas soutenir un schéma qui accorde au FCC un bon gratuit de retour à la Présidence de la République.
Kimp