Léon Bujitu, Chiko Mwamba et Cheik FITA, trois Congolais vivant en Belgique se sont retrouvés dans un quartier populaire de Kinshasa. Rien de plus normal. Mais ce qui est intéressant, c’est de savoir comment ils s’étaient connus ! Voici.
L'histoire commence il y a seize ans.
En juin 2004, une dynamique pour le changement en RD Congo naît à Bruxelles, à la suite de la chute de la ville de Bukavu sous les bottes du rebelle pro-rwandais Mutebusi. Il y aura d’abord une manifestation spontanée organisée à la porte de Namur de Bruxelles par le trio Cheik FITA-Francis Tombolo Kalombo et Mireille Robert. Louis Michel alors Ministre belge des affaires étrangères arrivera même sur les lieux pour tenter de calmer les manifestants qui criaient : « Louis Michel, assassin »…
La dynamique continua et du 13 au 16 mai 2005 dans la grande salle du Théâtre Saint Michel de Bruxelles, il se tint le 1er Congrès Mondial des Congolais Vivant à l’Etranger.
Léon Bujitu, Chiko Mwamba, Cheik FITA s’étaient donc connus dans cette dynamique-là qui engendrera bien plus tard le mouvement des Combattants.
Pour l’histoire, voici ce qu’avait été le communiqué final de ce 1er Congrès Mondial des Congolais Vivant à l’Etranger. Par la suite, il y eut trois autres Congrès.
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Résolution du Congrès des Congolais de l'étranger : la transition s'arrête le 30 juin, vouloir ou pas
17 Mai 2005 - Le congrès mondial des congolais vivant à l’étranger qui s’est tenu à Bruxelles du 13 au 16 mai s’est terminé par la lecture d’une très importante Déclaration en relation avec l’échéance du trente juin 2005. C’était à l’issue d’une marche qui a réuni plus d’une centaine de congolais, de la place de la Bourse au parvis Saint Roch à 1000 Bruxelles . Durant la marche des calicots contre le pouvoir en place au Congo ont été brandis. « Juin 2005, 1+4, dehors », « Louis Michel t’es pas le roi du Congo », « 5 millions de morts au Congo = combien de Tsunamis, dans le silence? »
Le congrès a pu réunir des délégués de plusieurs pays d’Europe et d’Amérique. Les délégués du Togo n’ayant pu obtenir leur visa à temps ont envoyé leur message qui a été pris en compte lors des travaux . Ci-dessous, le texte intégral de cette déclaration.
DECLARATION DU CONGRES DES CONGOLAIS DE L’ETRANGER
Bruxelles 13-16 mai 2005
Nous, citoyens congolais vivant à l’étranger, responsables et membres des partis politiques, groupes associatifs, groupes de pression, églises, jeunes, artistes, réunis à Bruxelles dans le cadre du Congrès mondial des congolais vivant à l’étranger, du 13 au 16 mai 2005, conscients de la dégradation totale de la vie politique et sociale en République Démocratique du Congo et animés par la volonté inébranlable de voir naître un changement démocratique dans notre pays dans les plus brefs délais, pour répondre à une exigence patriotique de sauver le Congo, faisons la déclaration suivante :
1. MOMENT HISTORIQUE
Comme à l’aube de l’indépendance, l’approche de la date du 30 juin est une période déterminante de notre histoire. L’avènement d’un changement politique total s’impose.
À l’instar de tous les pays où se produisent des révolutions colorées, la République démocratique du Congo, notre pays, doit connaître aussi sa révolution.
Nous n’avons aucune excuse à rater ce grand rendez-vous de l’histoire.
2. ETAT DES LIEUX ET HERITAGE DU SYSTEME « 1+4 »
Ayant reçu entre autre mission d’organiser les élections endéans 24 mois, les animateurs de la transition actuelle ont brillé par leur médiocrité et leur incompétence notoires, faisant de l’Etat congolais un Etat moribond, à la traîne de tous les pays africains alors qu’il était appelé à y jouer un rôle moteur.
Non seulement aucun objectif leur assigné n’a été atteint, mais plus grave, ils ont géré le pays au mépris du peuple congolais qui croupit dans une misère la plus insoutenable.
Plutôt que de chercher à organiser les élections normalement prévues au plus tard le 30 juin 2005, les animateurs de la transition actuelle ont passé ces 24 mois à faire une course effrénée à un enrichissement insolent, honteux et illicite en pillant systématiquement les ressources financières et minières de notre pays, cela au vu et au su non seulement du peuple congolais, mais aussi de la communauté internationale, muette et silencieuse. Ce qui nous conduira à un paradoxe sans précédent : la République Démocratique du Congo, un des pays les plus riches du monde, pour le peuple le plus pauvre du monde, avec des dirigeants des plus riches du monde…
Il s’est donc ainsi installé au pays :
Le terrorisme d’Etat
Le pillage inconsidéré et accéléré des ressources naturelles de tout genre
Le génocide tant sélectif qu’universel à petit feu, tuant sans bruit mais à cadence accélérée plus de 5.000.000 de congolais entre 1997 et 2004
Les détournements des deniers publics
La mauvaise gouvernance etc.
3. RESOLUTIONS
De ce qui précède, nous patriotes congolais réunis en Congrès à Bruxelles du 13 au 16 mai 2005 avons pris les résolutions suivantes :
Art.1 Le 30 juin doit marquer la fin du système « 1+4 » et le départ du pouvoir de tous ses animateurs à savoir : le président et les quatre vice-présidents, la démission du gouvernement et la dissolution du parlement,(chambre haute et chambre basse) issus de la logique des composantes.
Art. 2. Le cadre juridique sera l’ordre institutionnel issu de la CNS, avec quelques ajustements tenant compte de l’évolution politique du pays.
Art. 3. Une équipe dirigeante de moins de 30 personnes conduite par un leadership politique accepté par la population, doit être mise en place pour l’organisation des élections dans un délai de six mois qui suivront le 30 juin 2005.
Art. 4.Les critères cumulatifs ci-après seront pris en compte pour faire partie de cette équipe :
Etre congolais de père et de mère
Etre intègre et d’une grande probité morale
Etre doté de réelles capacités intellectuelles et d’organisation
Etre rassembleur, tolérant et en mesure d’accepter les différences
Etre patriote
4. RECOMMANDATIONS A LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE
Nous attirons l’attention de la communauté internationale sur le fait que tous les peuples du monde ont droit à l’autodétermination, et au choix de leurs institutions et dirigeants. Mieux, ils ont le droit de chasser les dirigeants qu’ils ne veulent plus. Ce droit à l’autodétermination est valable pour le peuple congolais aussi et surtout en ce moment fatidique de son histoire
Toutes les grandes puissances, toutes les nations, toutes les institutions internationales doivent donc prendre acte de la volonté souveraine du peuple congolais de se choisir ses dirigeants et s’abstenir de soutenir une fraction des congolais qui refuse de se plier à cette volonté.
5. SOMMATION AU POUVOIR EN PLACE
Quand on accède au pouvoir, on doit envisager un temps de sortie, de la même façon que quand on naît on doit s’attendre à mourir un jour. L’heure du départ et de la reddition des comptes du pouvoir a sonné pour le système « 1+4 ». Car, on ne peut, ni rester au pouvoir indéfiniment, ni s’y cramponner contre la volonté du peuple, surtout quand un mandat s’est caractérisé par une incapacité notoire et une absence totale de volonté politique.
6. APPEL AU PEUPLE CONGOLAIS
Nous congolais participant au Congrès de Bruxelles tenons à féliciter le peuple congolais vivant au pays pour sa détermination, son courage et sa prise de conscience aiguë dans le choix fatidique suivant : soit nous perdons notre pays et restons des éternels esclaves, soit nous libérons notre pays et nous demeurons libres à jamais.
Peuple congolais, le Congo t’appartient, tu en es seul maître et seul souverain.
7. MESSAGE AUX HOMMES POLITIQUES
La période qui nous sépare du 30 juin 2005 n’est ni une période de repositionnement politique, ni une période de la course au pouvoir pour le pouvoir. Mais celle de l’union de toutes les filles et tous les fils du pays, pour sortir le peuple de la servitude
EN CONCLUSION
Ce congrès n’est pas une fin, mais un début pour la mise en place d’un courant capable de galvaniser notre peuple pour sa libération effective d’ici le 30 juin 2005.
Fait à BRUXELLES, le 16 mai 2005
Les congressistes
La coordination du Congrès Mondial des Congolais Vivant à l'Etranger: Marcel Nzundu, Cheik FITA, Francis Tombolo Kalombo