Léon Kengo wa Dondo, président du sénat congolais a été reçu mardi 5 mars 2013 de 10h30 à 12h45 dans la commission relations internationales et
défense du parlement belge.
C’était dans la salle internationale, sous la présidence de monsieur François Xavier de Donea qui avait à ses côtés madame Marie Arena.
Monsieur Kengo a donné sa lecture de la situation en RD Congo, au lendemain de la signature des accords d’Addis Abeba.
Dans son exposé d’un quart d’heure, Monsieur Kengo a évoqué l’essentiel des sujet qui font la une de l’actualité congolaise :
L’accord d’Addis Abeba ben sûr.
Les pourparlers de Kampala ou le pouvoir de Kinshasa considère que les accords de 2009 avec le CNDP sont déjà appliqués à 75%, alors que les
pseudo-rebelles parlent de 50%.
Le projet de dialogue pour la cohésion nationale suggéré par monsieur « Joseph Kabila ». Pour monsieur Kengo, cela tarde à se
concrétiser quant au fond et à la forme.
La bonne gouvernance : le pouvoir de Kinshasa espère faire de la RD Congo un pays émergent d’ici 2030, tout en tentant de doubler le
budget national de 7 à 14 milliards de dollars avec une attention particulière pour les secteurs suivants : agriculture, transport, éducation, eau, électricité.
Malgré la croissance de 7%, la pauvreté demeure.
Les sénateurs et députés belges ont à leur tour balayé la situation congolaise avec des questions forts pertinentes :
l’exploitation annoncée du pétrole dans le parc de Virunga,
les violences faites à la femme, les violations des droits de l’homme : cas du Dr Mukwege, du procès Chebeya, de l’arrestation et la
détention actuelle par l’ANR du médecin belge d’origine congolaise, le Dr Jean-Pierre Kanku,
La situation de la MONUSCO, et l’éventualité pour la Belgique de revoir sa position quant à l’envoi des soldats belges dans ses anciennes
colonies.( recommandations de la commission Rwanda)
La possibilité d’élargir la coopération entre la RD Congo et la Belgique dans des domaines plus variés encore,
L’inefficacité de l’armée congolaise à remplir sa mission parce que pléthorique et mal payée,
Le caractère structurel et non ponctuel de la crise congolaise,
La transparence dans les recettes de l’état,
Des différentes réponses de monsieur Kengo aux députés et sénateurs belges nous pouvons retenir ceci :
Il n’y a plus d’autorisation d’exploiter le pétrole du parc de Virunga.
La situation à l’est ainsi que l’armée constituent les maillons faibles de la RD Congo.
Il y a nécessité d’existence d’une police locale.
Une trop grande importance a été donnée au contrat chinois en RD Congo. D’abord, les chinois sont partout en Afrique, et sur les dix milliards
de dollars promis, on espérait voir même 6… Hélas…
La guerre récurrente avec son lot de refugiés congolais. Les états voisins qui affirment les accueillir devraient aussi assurer leur part de
devoir en tant qu’états, vis-à-vis des réfugiés.
Quant au processus électoral pour asseoir la démocratie à la base, il y a eu un couac par rapport à la composition de la CENI (commission
électorale nationale indépendante. En son temps, le sénat avait demandé qu’il y ait 26 membres ainsi que des représentants de la société civile. Le parlement avait opté pour treize membres. Sur
base de clé de partage ?
C’est maintenant seulement que le parlement congolais rejoint cette position du sénat.
Dans la loi agricole, il y a l’article 16 que le gouvernement avait pratiquement imposé au parlement. Avec le refus des institutions de Breton
Wood, une autre reculade est en vue.
Dans le cadre de la décentralisation, 40% des recettes sont rétrocédées aux provinces. Mais les gouverneurs à leurs tours,
répercutent-ils cela dans les territoires, ou se comportent-ils comme des satrapes, en ne privilégiant que les coins pour lesquels ils ont de la sympathie ?
Monsieur « Kabila » pourra-t-il briguer un troisième mandat ? Non, cette disposition est verrouillée au niveau de la
constitution. Et au vu des élections chahutées de 2011, ce serait une mauvaise inspiration.
Pour que les investisseurs viennent en RD Congo, le pays doit afficher de véritables mesures incitatives, l’investisseur étant « un
gibier peureux ».
Dans le secteur minier, la RD Congo étant considérée comme un pays à risque, ceux qui ont investi dans les mines notamment voudraient d’abord
récupérer leurs mises avant de payer les redevances à l’état. Cela n’est pas correct et devrait être corrigé.
Pour information, il y a eu en 2011 près de 500.000 tonnes de cuivre exportées au prix de 10.000 dollars la tonne !
Procès Chebeya. La cour militaire n’a toujours pas rendu son arrêt. « Plus ça dure, plus ça inquiète ».
La guerre de l’est, c’est la guerre des ressources.
Quant à la Belgique, compte tenu de notre histoire commune, elle est toujours attendue.
Et pour conclure, monsieur Kengo dira :
« Ce qui manque actuellement, c’est la volonté politique et un leadership clairvoyant. »
À l’issue de la séance, nous avons posé à monsieur Kengo deux questions.
Sur la crise de légitimité du pouvoir : lui-même président du sénat élu en 2007 pour cinq ans, un an après la fin de la
législature, il est toujours là ! Quant aux élections de 2011, nous lui demanderons ce qu’il pensait sur le fait que pour les congolais vivant à l’étranger, les aiguilles de la marche
démocratique s’étaient arrêtées le 28 novembre 2011. Sa réponse :
« J’espère que la recherche de la cohésion nationale pourra passer par un dialogue qui aboutira à un consensus national. »
Sur l’arrestation et la détention par l’ANR de docteur Jean-Pierre Kanku, sujet belge d’origine congolaise, il répondra :
"Je ne suis pas du domaine de la justice mais je vais m’enquérir."
Cheik FITA
Bruxelles, le 5 mars 2013