La RD Congo vient de sortir d’un processus électoral. Dans quel état ?
Invité de l’émission « Congo Kinshasa vu de Bruxelles » animée par Baudouin Amba Wetshi et Cheik FITA, Frédéric Boyenge Bofala a répondu à cette question par ces mots: « On a inoculé aux Congolais le venin de la division… ».
Frédéric Boyenge Bofala est docteur en droit international public et a été enseignant-chercheur à l’Université de Lille en France. Président du parti politique congolais UNIR MN « Union pour la République » Mouvement National, il a été incarcéré fin 2016 par le régime de Joseph Kabila alors qu’il s’était rendu en RD Congo pour proposer sa vision face à la crise liée à la fin du deuxième et dernier mandat de Joseph Kabila.
Silencieux depuis plusieurs mois, Frédéric Boyenge Bofala a décidé de parler parce que pour lui, les élections qui devaient engendrer la paix et l’alternance de manière pacifique, ont plutôt apporté le chaos.
« Ce sont des élections de la discorde, de la division » et cela est inquiétant pour l’avenir du pays.
…Afin d’éviter le chaos, nous devrions taire nos ambitions. »
Qu’arrivera-t-il lors de la publication des résultats ?
« Quel que soit le résultat proclamé par la Cour Constitutionnelle, le camp qui se considérera lésé protestera. Et c’est l’impasse.
« Les congolais sont divisés ? il faut penser autrement si nous voulons éviter un chaos pour notre pays ».
Comment en est-on arrivé là ? A quel moment y a t-il eu un point de non retour vers la crise ?
Pour Frédéric Boyenge , c’est « A partir des péripéties de Genève. On ne fait pas une réunion pour trouver un candidat commun après que les personnes aient déjà déposé leurs candidatures ! ».
Ajouter à cela les méthodes de la CENI avec des moyens qui n'étaient pas constitutionnels comme la machine à voter, avec l’exclusion des électeurs de Beni, Butembo et Yumbi… »
Y a-t-il des exemples, des signes de cette crise ?
Pour Frédéric Boyenge, les qualificatifs employés par certains compatriotes pour désigner les Baluba sont là.
« Il n'est pas interdit que les Baluba votent pour Tshisekedi parce qu'il est Muluba… S’il a un programme qui résout les questions de la nation ». Il est déplorable qu’à partir d’un échantillon de quelques personnes, on s’en prenne à tous les Baluba. »
Autant le régime de Mobutu n’était pas le régime des gens de l’Equateur, pour preuve ce qu’a été la ville de Bandaka sous le Maréchal, autant le régime de Kabila n’est pas le régime des Baswahili.
… Il faut éviter de pousser les gens du Bandundu et ceux du Kasai à s’entretuer bêtement. »
Oui, « On nous a inoculé le venin de la division, et ce venin de la division fera mal à notre pays, si nous n'y prenons pas garde. ».
Qui est responsable ?
D’abord le régime de Kabila qui n’a pas facilité la réconciliation et qui laisse faire jusqu’à ce jour.
Ensuite, nous-même, nous sommes aussi responsables avec les Congolais qui sont à la direction du pays. En accompagnant le régime, nous accompagnons le mal. »
Comment s’en sortir ? Pour Frédéric Boyenga, seule une solution démocratique pourra résoudre la crise à savoir : l’organisation d’un deuxième tour entre les deux candidats arrivés en tête. « A situation exceptionnelle, solution exceptionnelle ». Monsieur Frédéric Boyenge pense que le Conseil de Sécurité de l’ONU doit adopter une recommandation dans ce sens et que les Congolais devraient avaliser par consensus.
Un rêve ?
Peut-être.
Bruxelles, le 17 janvier 2019
Cheik FITA