À force de vouloir justifier l'injustifiable, même un esprit intelligent en arrive à se contredire, à se mêler les pinceaux. Lors d'une déclaration devant la presse le mercredi 14 septembre 2016 dans le cadre du "dialogue" versus Kabila-Kodjo, monsieur She Okitundu délégué de la majorité présidentielle à ce forum en a fait l'amère expérience.
Il a prononcé des propos qui, une fois projetés sur le règne de monsieur Kabila sont, et des accusations, et des véritables aveux d'échec.
Les voici.
1. « L'organisation des élections de la base au sommet est mieux appropriée, ce qui implique de commencer le troisième cycle électoral par les scrutin locaux, et le terminer par l'élection présidentielle. »
Pour chercher à justifier leur position, les kabilistes affirment cela.
Oublient-ils qu'à Sun City, c'est cela qui avait été décidé ?
Par quelle magie, lors des élections de 2006, cela n'a-t-il pas été respecté ? Et en 2011 ?
L'opinion se souviendra que pour imposer Joseph Kabila à la tête du pays, le belge Louis Michel alors tout puissant dans le dossier RD Congo avait affirmé ceci : « Il importe de commencer les élections par le sommet afin d'avoir quelqu'un avec qui travailler ». À l'époque, She Okitundu était déjà dans le pré-carré de Joseph Kabila. Il doit très bien s'en souvenir.
2. « En droit électoral comparé, la pratique enseigne que les scrutins locaux ont toujours précédé l'élection présidentielle»
Il y a eu élection présidentielle en RD Congo en 2006 et en 2011, les scrutins locaux n'ont pas précédé la présidentielle. En ce temps-là, le droit électoral comparé n'avait pas cours ? Ce droit électoral comparé ne peut donc s'appliquer au Congo qu'en 2016 ?
3. « L'antériorité des élections locales s'impose, le constituant a opté pour une forte décentralisation dans le cadre d'un régionalisme constitutionnel appelé à faciliter et à améliorer la gouvernance dans un pays continent…
« Or à ce jour, aucun scrutin local n'a vu le jour depuis l'adoption par référendum de la constitution en vigueur... »
De 2006 à ce jour, les Kabilistes ont été au pouvoir sans se soucier de la nécessaire antériorité des élections locales, gages d'une bonne gouvernance dans un pays continent. Cela est ainsi un aveu patent qu'il n'y a pas eu (et il n'y a toujours pas) bonne gouvernance. Beau compliment pour son Chef.
4. « Nous sommes confrontés à un arriéré électoral local qui constitue particulièrement une épineuse entrave à la restauration de l'autorité de l'état sur l'ensemble du territoire ».
Tout un règne sans élections locales, préalables à la restauration de l'autorité de l'état sur l'ensemble du territoire. Y a-t-il meilleure justification de l'incapacité du régime Kabila à assurer la sécurité à Beni par exemple ?
Si l'on devrait s'en tenir à l'argumentaire de She Okitundu et ses compères pour justifier la position de la « majorité présidentielle » lors du « dialogue », on est en réalité en présence d'un aveu d'incompétence et d'aventurisme d'une clique d'individus au sommet de l'état depuis plusieurs années, le « conglomérat d'aventuriers » dont parlait Feu Laurent Désiré Kabila.
Face à un tableau aussi piteux, la logique la plus simple n'impose-t-elle pas de passer la main, de laisser à d'autres la direction de l'état, d'assurer rapidement l'alternance au sommet de l'état ?
Bruxelles, le 15 septembre 2016
Cheik FITA