Info en ligne des Congolais de Belgique
Mardi 27 novembre 2018, la ville de Kinshasa a réservé au ticket Félix Tshisekedi-Vital Kamerhe un accueil enthousiaste et unique, malgré la pluie qui s’était abattue sur la capitale congolaise en debut de journée.
Le cortège du ticket Félix Tshisekedi-Vital Kamerhe n’a pu atteindre le siège de l’UDPS qu’à 20h00. Sur le parcours, des milliers de personnes.
Le boulevard Lumumba a été ainsi totalement occupé durant des heures.
Kinshasa n’est peut-être pas la RD Congo, mais Kinshasa est un véritable miroir du pays.
Comment peut-on expliquer qu’autant de personnes soient ainsi sorties pour accueillir les deux leaders ?
Les Congolais ont soif de changement. Le régime Kabila a été un véritable cauchemar pour eux. Ils ne veulent des personnes au pouvoir, ils veulent un autre mode de gestion de la chose publique.
La semaine précédente, l’opposant Martin Fayulu, candidat de la plate-forme Lamuka est revenu au pays et a été aussi très bien accueilli pour la même raison.
Mais l’accueil du ticket Félix Tshisekedi-Vital Kamerhe était de loin plus impressionnant.
Ce n’est pas étonnant car, l’UDPS, le parti du candidat Président Félix Tshisekedi, fort de ses 36 années de combat contre les dictatures successives a eu le temps de prouver aux Congolais qu’il est un parti constant, ayant un idéal bien précis qui se trouve dans son sigle : Union d’abord, pour la démocratie ensuite, et pour le Progrès Social enfin. Depuis toutes ces années de lutte, il n’y a eu en RD Congo ni démocratie, ni progrès social.
Les centaines des milliers de Kinois qui sont allés accueillir le ticket Félix Tshisekedi-Vital Kamerhe veulent l’instauration de la démocratie, ils veulent aussi le progrès social. Oui, parce qu’ils sont les victimes du régime finissant.
Depuis 1990, toutes les tentatives d’accès de l’UDPS au pouvoir ont été systématiquement combattues et entravées tant au pays que par certains pays occidentaux.
Au pays d’abord. Les membres de l’UDPS subissent depuis 36 ans toutes sortes de brimades : arrestations, injustices, emprisonnements et même assassinats. Aucun parti congolais n’a été autant réprimé durant une génération et demie.
Le sommet de l’entrave de l’accession au pouvoir de l’UDPS aura été le hold-up électoral de 2011 opéré par Joseph Kabila pour se maintenir au pouvoir.
Et le temps a même quelque peu occulté un fait gravissime: le deuxième mandat de Joseph Kabila est une véritable imposture et au même moment, le corps de celui qui avait été élu traîne toujours dans un funérarium à Bruxelles !
Entraves à l’étranger ensuite. La Belgique est de loin le pays où les dirigeants, essentiellement francophones combattent depuis des années, l’UDPS et ses dirigeants.
La dernière preuve a eu lieu le 22 nombre dernier au parlement européen avec une prestation de l’eurodéputé Louis Michel qui a poussé le défenseur des droits de l’homme Paul Nsapu présent dans la salle, à recadrer l’homme d’état belge.
Il n’est qu’à voir aussi cette fébrilité des médias officiels francophones belges pour parler de l’UDPS. Ce qui pousse la très grande communauté congolaise de Belgique à se désintéresser des journaux télévisés de la RTBF pour se tourner vers TV5 Afrique et le journal Afrique de France 24.
Est-il possible que les membres d’un parti politiques oublient toutes ces injustices et toutes ces humiliations ?
A-t-on évalué le niveau de frustrations de millions de Congolais durant autant d’années de lutte?
Tous ces parents qui ont été incapables de nourrir leurs enfants durant des années, de leur offrir une bonne scolarité, de les protéger des maladies, et hélas de les soustraire de la mort par manque des soins médicaux les plus élémentaires ?
Tous ces jeunes entre 18 et 35 ans qui ont étudié au prix d’un sacrifice financier extrême de leurs parents, et qui une fois les études terminées se retrouvent sans emploi ?
Combien de diplômés d’université entre 2001 à l’accession de Joseph Kabila au pouvoir et aujourd’hui sont chômeurs ?
De quel parti tous ces laissés-pour-compte peuvent-ils se sentir proches ?
C’est dans ce contexte socio-politique que pour la prochaine présidentielle, l’UDPS a un allié inattendu et de poids : l’UNC de Vital Kamerhe.
En excluant de fait l’UDPS et l’UNC de la présidentielle de décembre 2018, le conclave de Genève a favorisé le rapprochement entre les deux partis.
Vital Kamerhe est co-fondateur du PPRD, le parti de Joseph Kabila. Après s’être brouillé avec Joseph Kabila. Il crée alors son parti politique l’UNC en 2009.
Quitter le pouvoir et devenir opposant n’est pas aisé. Durant des années, Vital Kamerhe a eu droit à sa traversée du désert. Ses anciens amis lui tiraient dessus, ceux qu’il voulait rejoindre dans l’opposition le diabolisaient.
En 2011 quand Joseph Kabila avait modifié la constitution pour instaurer une présidentielle à un tour, Vital Kamerhe avait brigué la présidence de la république, refusant au passage de s’effacer au profit d’Etienne Tshisekedi. Cela ne lui avait pas valu des amis au sein de l’UDPS.
Le crash de Genève a accéléré l’histoire.
En soutenant du bout des bras l’opposant Martin Fayulu ayant moins d’ancrage national au détriment de Tshisekedi et Kamerhe, Jean-Pierre Bemba dans l’opposition depuis 2006 lors de sa défaite à la présidentielle et Moise Katumbi dans l’opposition depuis septembre 2015 lors de sa démission du parti de Kabila ont sans peut-être le vouloir créé une nouvelle force politique : le ticket Félix Tshisekedi-Vital Kamerhe.
La rentrée triomphale à Kinshasa de Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe a été un essai qu’ils doivent et peuvent transformer.
Bruxelles, le 27 novembre 2018
Cheik FITA