Info en ligne des Congolais de Belgique
Par Cheik FITA
Il avait fait de la « vérité des urnes » son cheval de bataille au lendemain de la publication des résultats de la présidentielle congolaise, en ce début du deuxième semestre 2019, Martin Fayulu, un des candidats à la présidentielle du 30 décembre 2018 se retrouve de plus en plus seul. Comme au théâtre, le spectacle est fini, le public sort, mais l'acteur principal ne se décide toujours pas à quitter l'avant-scène !
Cette issue politique était-t-elle prévisible ?
Il est vrai, les élections congolaises du 30 décembre 2018 n'ont pas été un modèle en son genre. On pourrait longuement disserter là dessus. Mais c'était ça les élections congolaises de décembre 2018, hélas.
Au lendemain de la proclamation officielle des résultats, chaque acteur politique devait définir sa ligne à suivre pour les mois et années à venir,
Chaque acteur politique devait aussi tirer les leçons de l'aventure, en veillant à ne pas dilapider le capital popularité engrangé, en raffermissant les liens avec ses différents soutiens : intérieurs, extérieurs... Et au final en projetant de rebondir à la prochaine échéance électorale. Oui électorale car, quand on choisit d'accéder au pouvoir par les élections, il faudrait rester dans la logique électorale, et les élections sont (en principe) cycliques.
Il y a la période pré-électorale avec la pré-campagne et la campagne,
Il y a les élections le jour du suffrage,
Il y a la période post-électorale avec la proclamation des résultats provisoires, les recours et enfin la proclamation des résultats définitifs.
À quel moment chaque acteur politique devait-il tourner la page « élections 2019 »?
Au moment où il constate que les paramètres sur lesquels il a l'emprise lui échappent des mains, au moment où il sent qu'avec ou sans lui, la page de l'histoire va se tourner.
Martin Fayulu l'a-t-il compris au bon moment ? Apparemment non.
Et après ?
Dès que les dés sont jetés, il faut accepter la traversée du désert, souvent seul : une période durant laquelle la plupart des « amis » vous tourneront le dos.
Néanmoins, s'il veut survivre politiquement, durant sa traversée du désert, l'homme politique devra observer minutieusement l'évolution politique du pays, afin de dénicher le moment opportun pour rebondir et revenir victorieusement sur la scène politique. Dans l'histoire politique du monde, il y a des politiciens qui ont réussi le come-back. Il y en a aussi malheureusement qui n'ont jamais réussi à rebondir et qui sont rentrés à tout jamais dans l'anonymat.
À Genève en novembre 2018, Martin Fayulu était sorti de l'anonymat et subitement propulsé sous les projecteurs des plus grands médias du monde.
En ce moment, au niveau médiatique, pour Martin Fayulu, c'est l'hécatombe et le détricotage quasi-complet de ce qui avait été engrangé,
Et au niveau politique, même la plate-forme « LAMUKA » qui lui servait de pose-pieds et l'avait porté au firmament s'émiette .
Oui, la campagne électorale terminée, chaque leader de « LAMUKA » retire progressivement son apport à la plate-forme, apport qui avait servi de béquille à Martin Fayulu durant la campagne.
Conséquence, sans un sursaut personnel conséquent, Martin Fayulu risque de retourner progressivement dans l'anonymat d'où il avait été tiré.
Cela aurait-il pu être évité ? Oui :
À la page 464 de notre livre « RD Congo, sans un seul coup de feu » publié en mars 2019, on peut lire cette phrase rédigée fin janvier 2019 :
« La politique obéissant à la loi implacable du rapport de force, les lignes ont bougé, selon les objectifs que chacun avait en point de mire. À l'image de la plupart des pays du monde, les Congolais doivent-ils prendre acte de la nouvelle donne politique et tourner la page ou pas?»
Dans la crise post-électorale en RD Congo, Martin Fayulu a mis un peu trop de temps pour prendre acte de la nouvelle donne politique et tourner la page. Sa sortie de scène a été quelque peu tardive.
Bruxelles, le 3 juillet 2019
Cheik FITA
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