Quarante-huit heures après la qualification des Léopards de la RD Congo pour les quarts de finales de la CAN, coupe d’Afrique des Nations qui se déroule en Guinée Equatoriale du 17 au 8 février 2015, des photos et des vidéos ont pris d’assaut tous les réseaux sociaux : celle de la présence du Président Joseph Kabila aux côtés des joueurs !
Volonté réelle de donner le dernier coup de pouce capable de booster les Léopards afin qu’ils gagnent la coupe ? Ou… marketing politique conçu par un opportuniste comme il y en a tant dans le sérail présidentiel?
C’est un fait, être joueur des Léopards comme de toute autre équipe nationale, c’est avoir sur ses épaules le poids de toute une nation. Comme les Léopards de la RD Congo, les Equato-guinéens, les Ivoiriens et les Ghanéens ont tous en ce moment ce poids. Leurs Présidents respectifs suivent de très près l’évolution de leurs prestations.
Quels actes posent-ils ? A quel moment cela est-il médiatisé ? La médiatisation de ces actes devrait-elle prendre l’ascendant sur la médiatisation des performances des joueurs sur le terrain ?
De part sa position politique, monsieur Joseph Kabila pouvait-il rester indifférent face à la prouesse des Léopards ?
Non.
Dans une déclaration, l’entraineur Ibenge a affirmé avoir demandé à Joseph Kabila de rendre visite aux Léopards.
Si c’était son initiative, avait-il raison ? Oui, dans la mesure où c’est lui le boss de l’équipe. De nous tous, il est le mieux placé pour connaître les états d’âme et les problèmes de ses joueurs. Entre autres, les fameuses « primes » qui ont souvent été détournées depuis les Léopards de Munich 1974, il y a 41 ans. Si cette visite pouvait contribuer à motiver davantage les Léopards afin qu’ils gagnent la coupe, l’initiative de l’entraineur Ibenge est donc bonne. Car, l’objectif final de toutes les équipes nationales, c’est de gagner cette coupe. Pourquoi les autres pays devraient-ils prétendre gagner la coupe et pas la RD Congo ?
Un match de football à ce niveau de compétitions, c’est l’équipe, joueurs et encadreurs avec tous leurs problèmes personnels et de groupe, c’est le public présent dans le stade, mais c’est aussi tous les millions d’anonymes scotchés à leurs écrans de télévision, vibrant à la moindre action, explosant de joie en cas de but marqué, et descendant dans les rues en cas de victoire.
Un détail peut faire basculer le match dans un sens ou dans un autre.
Chaque joueur à chaque instant des quatre-vingt dix minutes de jeu, porte ce poids psychologique.
La communion entre le peuple et son équipe est aussi un des grands facteurs qui boostent les joueurs.
Cette communion a été si forte que le 31 janvier, suite à la victoire des Léopards à l’issue du match RD Congo-Congo-Brazza, il y a eu une explosion de joie dans toutes les villes de la RD Congo, et les rues ont été envahies.
Cette expression populaire a-t-elle conditionné le déplacement de monsieur Joseph Kabila pour la Guinée Equatoriale? Sûrement.
Les communicateurs de la présidence congolaise pouvaient-ils parler de cette visite « présidentielle » aux Léopards ?
Oui. Mais en faire l’événement, non. Car, l’événement, c’est le foot. Et c’est le foot qui a créé l’euphorie collective.
La politique doit-elle voler la vedette aux joueurs ? Non, afin de ne pas altérer la communion « Léopards-Peuple ».
Bruxelles, le 4 février 2015
Cheik FITA
Source photo d'illustration: http://i1.wp.com/www.africatopsports.com/wp-content/uploads/2015/02/DSCN9215.jpg?resize=710%2C533