Le vendredi 29 mai 2015, le Président Joseph Kabila démarre des consultations. L’information a été relayée par RFI (écouter la vidéo en fin d’article.)
Premiers invités, les « forces vives de la nation ». Ces contacts semblent être la version corrigée du « dialogue » qui aurait dû avoir lieu avec au départ trois partis politiques de l’opposition et qui a depuis lors, tourné à la cacophonie, faute d’avoir été conforme aux recommandations des accords d’Addis-Abeba d’une part, et suite à un « non » de certains, lié à des stratégies de repositionnement politique, d’autre part.
À moins de 18 mois de son départ définitif du pouvoir, qu’est-ce qui motive monsieur Joseph Kabila à être subitement à l’écoute de la base via ceux qui sont supposés avoir une certaine représentativité dans la population ou du moins un certain crédit ?
Quid alors des « élus » du peuple issus du scrutin du 28 novembre 2011, leur représentativité n’est-elle plus suffisante ?
Quand un Président a été bien élu et jouit de la légitimité du peuple, il applique le programme pour lequel il a été élu. Le peuple s’étant déjà prononcé dans les urnes. À la fin de son mandat, il rend compte.
Que s’est-il alors passé entre le 28 novembre 2011 et aujourd’hui pour que monsieur Joseph Kabila soit obligé d’organiser ces consultations et peut-être in fine, en vue d’un dialogue ?
Le 28 novembre 2011, le peuple ne s’était-il pas prononcé ? Quel avait été le message du peuple congolais ? Pour qui avait-il voté ? Si le peuple avait donné ses voix à monsieur Joseph Kabila, alors toutes ces consultations n’ont pas de raison d’être.
Cela n’est-il pas alors un aveu qu’il n’avait pas été élu ? Et qu’il y a un véritable problème de légitimité ? Plus, vouloir réécouter le peuple aujourd’hui via les partis politiques, les « forces vives de la nation », ce que le jour du scrutin, le souci n’était pas d’écouter la voix du peuple et de s’y conformer.
Et plus inquiétant, cela ne sous-entend-t-il pas que l’objectif final n’est pas de prendre en compte les aspirations profondes du peuple, mais pourrait bien être, sous prétexte d’une sorte de référendum qui ne dit pas son nom, comme en novembre 2011, une manœuvre pour se cramponner au pouvoir !
Un proverbe swahili dit « Mwenye kyake, a atshake ! » Entendez : Celui qui a un penchant, ne s’en défait jamais.
Bruxelles, le 29 mai 2015
Cheik FITA