Peter Luykx (N-VA) : “ Une épreuve de volonté et de courage dans la politique africaine »
Les élections présidentielles de 2016 ressemblent à la lecture d’une chronique d’une mort annoncée : en ne dotant pas la commission électorale (CENI) des moyens financiers conséquents, le président Kabila a intentionnellement conduit son pays au bord du précipice. A présent, il se retranche pour rechercher la solution à de troubles civils qu’il a lui-même causés. Les initiaux appels au calme et à la retenue du gouvernement belge sont compréhensibles : nous ne voulons pas mettre en péril nos propres citoyens vivant au Congo. Mais cela ne doit pas non plus nous empêcher d’exprimer clairement notre position : la République Démocratique a droit à un futur et ce, sans l’actuel président Kabila. C’est un moment charnière où en tant que partenaires extérieurs nous avons un rôle à jouer. Une répétition de la débâcle électorale de 2011 est exclue.
La crise congolaise actuelle était en préparation depuis des années. Aussi bien les citoyens que la communauté internationale pouvaient clairement comprendre qu’il y avait très peu d’enthousiasme pour le régime de Kabila à quitter le pouvoir en 2016 et ainsi ouvrir la voie à un nouveau chapitre démocratique pour le Congo. Le profond malaise de la population s’est traduit cette semaine dans la violence lorsque la CENI a refusé de convoquer les élections présidentielles telles que prévues par la constitution. Les confrontations entre les manifestants et la police qui s’en suivies ont coûté des dizaines de vies humaines.
Le député Peter Luykx (N-VA) : « Dans la résolution que j’ai personnellement rédigée en collaboration avec ma collègue Van Hoof (CD&V), nous avions déjà anticipé cette situation. Nous souhaitions donner à Mr Kabila la chance de clôturer en beauté sa présidence et de poser les jalons d’un Congo démocratique, mais les événements de ce jour étaient écrits dans les étoiles. »
« Le Congo se prépare à vivre une longue période de déstabilisation et de violence, dans laquelle les solutions politiques sont renvoyées aux calendes grecques sous le couvert d’un éternel dialogue national . Nous connaissons très bien ce scénario de l’époque de Mobutu Sese Seko. » Cependant le membre de la Chambre envisage encore une voie de sortie : « les donateurs internationaux – dont la Belgique fait partie – ont longtemps tardé à intervenir dans les affaires intérieures du Congo, mais les récentes violences les ont secoués. »
Notre pays et notre gouvernement ont un rôle à jouer dans ce conflit. Peter Luykx : « la Belgique a toujours souligné qu’elle a un rôle non négligeable à jouer en Afrique centrale et au Congo en particulier : lorsqu’il s’agit de la RDC, elle est toujours écoutée dans les fora internationaux. Alors, utilisons maintenant cette influence. Le Congo saigne et son peuple nous regarde et attend un signal particulièrement fort. »
C’est ainsi que le député Luykx sollicite à la Chambre une réaction forte de la part du Ministre Reynders. « Les Etats-Unis sont disposées à prendre des sanctions à l’encontre de toutes les personnalités congolaises qui bloquent le processus électoral, le président français François Hollande a déjà lancé un appel pour des sanctions communes de l’Europe. La Belgique ne doit pas seulement rallier mais encore utiliser sa voix pour mobiliser aussi bien au niveau européen qu’international. Toute la communauté internationale doit maintenant adresser haut et fort le même message à l’intention du régime de Kabila : non au glissement, oui aux élections, pas d’argent pour les armes, mais pour le financement des élections libres et démocratiques.