Dans son discours à la Nation prononcé le 5 avril 2017 devant les deux chambres, le Président de la République démocratique du Congo monsieur Joseph Kabila a affirmé que « le Premier Ministre
sera impérativement nommé dans les 48 heures ». Ajoutant : « le pays ne doit plus être l’otage d’intérêts personnels et de lutte de positionnement des acteurs politiques ».
Joseph Kabila a-t-il véritablement les coudées franches pour réaliser sa promesse?
Autrement dit, 48 heures après ce discours, le Premier Ministre sera-t-il effectivement nommé ?
Dans l'ordonnance de nomination, sera-t-il fait mention de l'accord de la Saint Sylvestre ?
Ce Premier Ministre saura-t-il former un gouvernement d'union nationale? Condition sine qua non pour que la crise soit résorbée et que le processus électoral avance !
Le 19 décembre 2016, le deuxième et dernier mandat de Joseph Kabila a pris fin.
Si Joseph Kabila est encore Président, c'est parce que l'accord de la Saint Sylvestre a accepté qu'il soit Président pour la transition de 2017 en vue de l'organisation des élections.
Mais cela n'était pas un chèque en blanc.
En contrepartie, monsieur Joseph Kabila devrait céder une partie du pouvoir qu'il avait avant le 19 décembre 2016 à savoir : celui de désigner un Premier Ministre. Ce pouvoir est dévolu désormais au « Rassemblement ». Que cela plaise ou non.
Monsieur Joseph Kabila peut bien se risquer de nommer un Premier Ministre de son choix. Cela sera-t-il sans conséquences ?
Le crime parfait n'existant pas, c'est dans le propre discours de Joseph Kabila que l'on retrouve la faille. Laquelle ?
La voici dans cet extrait du discours de monsieur Joseph Kabila:
« J’invite le =Rassemblement= à surmonter ses querelles intestines et à harmoniser les vues sur la liste des candidats Premier Ministre ayant le profil requis et convenu, comme souhaité depuis
plusieurs mois, en vue d’accélérer le processus de formation du nouveau Gouvernement d’Union Nationale»
Oui, « Gouvernement d'Union Nationale », nous y reviendrons.
Ainsi, le Premier ministre viendra du « Rassemblement ». Et si le « Rassemblement » ne s'exécute pas, pour le deux raisons suivantes :
- Soit que Joseph Kabila et le « Rassemblement » n'ont pas le même entendement du mot « Rassemblement »,
- Soit que le « Rassemblement » dirigé par Félix Tshisekedi ne présente qu'un seul nom, au lieu d'une liste,
Que fera monsieur Joseph Kabila ?
Attendra-t-il que les dissidents rejoignent la maison mère à Limete ?
Nommera-t-il quelqu'un des rangs des dissidents ?
Se pliera-t-il à la volonté du « Rassemblement » maison-mère qui aura proposé un seul nom?
Il est possible que 48 heures après son discours, monsieur Joseph Kabila nomme quand même « son » Premier Ministre.
Quelque soit celui qui sera nommé Premier Ministre, celui-ci devra passer à l'étape suivante :
Former un nouveau Gouvernement d'Union Nationale, comme l'a si bien dit le Président Joseph Kabila.
Gouvernement d'Union Nationale sous-entend :
- Des membres signataires de l'accord du camp Tshatshi,
- Des membres du Front dirigé par le MLC
- Des membres de la société civile
- Des membres de la dissidence du « Rassemblement »
- Des membres du « Rassemblement » maison-mère.
Pour le poste de Premier Ministre, les cinq noms ci-après émergent du « Rassemblement » version 31 décembre 2016:
Joseph Olengankoy
Bruno Tshibala
Valentin Mubake
Félix Tshisekedi
Raphaël Katebe.
Dans le tableau suivant, chacun peut faire une simulation de réponses à la question suivante :
« Lequel de ces candidats obtiendra quelle réponse de qui, et former ainsi un gouvernement d'union nationale ? »
En définitive, l'annonce par le Président Kabila de la nomination d'un Premier Ministre va-t-elle dans le sens de la résorption de la crise, ou à terme, monsieur Kabila sera-t-il coincé?
Bruxelles, le 6 avril 2017
Cheik FITA