Le processus électoral congolais est actuellement pollué par le débat sur l’utilisation ou non, le dimanche 23 décembre 2018, de la « machine à voter ».
La population dans sa grande majorité, l’opposition, la société civile, différentes institutions internationales sont contre cette machine,
Le clan Kabila et la CENI, Commission Electorale Nationale Indépendante sont pour.
Si chacun campe sur sa position et que cet antagonisme persiste jusqu’à la fin, il est possible que le jour des élections se transforme en journée d’affrontements dans les 90.000 bureaux de vote qui seront disséminés à travers la république.
Quelles pourraient en être les conséquences ?
Y a-t-il une piste sortie ?
Le clan Kabila qui a la CENI sous sa botte aimerait pérenniser sa présence au pouvoir à l’issue des élections du 23 décembre 2018, et cela n’est un secret pour personne.
Le hold-up électoral de 2011 est encore frais dans les mémoires.
Hélas, le bilan du clan Kabila est si catastrophique que ses bonzes sont conscients qu’avec des élections libres et transparentes, il leur sera administrée une vraie raclée.
D’où cette décision jusqu’au-boutiste de faire un forcing électoral.
Seulement, en face, il y a tout un peuple prêt à défendre son droit.
Conséquence, une véritable confrontation pointe à l’horizon.
Le jour du scrutin, la présence de ces machines ne pourrait-elle pas provoquer des vives tensions si pas des réactions incontrôlées de la part des électeurs ?
Le clan Kabila pourra-t-il sortir vainqueur de ce bras de fer, c’est-à-dire :
- Imposer les machines à voter,
- Imposer les résultats issus de la compilation faite par les machines,
- Imposer le dauphin de Kabila comme « Président élu »,
- Imposer l’entrée en fonction du dauphin comme Président ?
Ce plan du clan Kabila est non seulement une déclaration de guerre au peuple souverain s’il est exécuté,
Ce sera le début d’une véritable guerre civile, une guerre qu’un clan déclarera à tout un peuple !
« On sait quand commence la guerre, mais on ne sait pas quand elle finit ».
Les conséquences ?
Les premières victimes de cette éventuelle « guerre » idiote seraient les agents de la CENI. Dans tous les bureaux de vote, ils seront noyés dans le flot des électeurs.
Ils risqueraient de payer pour les péchés de leurs dirigeants. Les dirigeants de la CENI sont-ils en droit d’exposer ainsi leur personnel à une éventuelle vindicte populaire pour des bas intérêts ?
Sont-ils disposés à assumer cet acte inhumain au cas où la situation dégénérait?
La deuxième conséquence, c’est l’avènement d’un chaos politique et social: déjà que, sans un seul dirigeant légitime, le pays est un non-état. ! Qu’adviendrait-il s’il s’en suivait des troubles?
Concession minimale
La « machine à voter » étant la principale « pomme de discorde », des hommes politiques commencent à suggérer à la CENI une solution médiane, un plan B :
- Imprimer DEJA des bulletins papier pour la présidentielle. Il n’y a que 21 candidats pour une seule circonscription. Un seul bulletin de format A4 avec cases à cocher suffira. Soit 400.000 rames de papier pour tout le pays: une goutte !
- Trouver un compromis avec l’opposition pour un usage à minima de la « machine à voter » pour les législatives : c’est-à-dire : n’employer la « MAV » que comme imprimante.
Est-ce trop demander ?
Le Président de la CENI aura-t-il un brin de sagesse pour envisager déjà ce plan B, ou étant trop compromis avec le clan Kabila, continuera-t-il à jouer malgré lui, le rôle de pantin ?
Monsieur Corneille Nangaa Président de la CENI a encore quelques semaines pour choisir la page de l’histoire du pays où figurera son nom… Avant qu’il ne soit trop tard !
Bruxelles, le 31 décembre 2018
Cheik FITA