Profitant du passage à Bruxelles des deux dirigeants du pouvoir législatif Congolais, nous avons tenu à recueillir à la source des informations sur deux points précis qui tourmentent le quotidien de nos compatriotes :
- L’insécurité qui persiste à l’Est du pays et l’intégrité de notre territoire. Surtout après la débâcle il y a quelques mois, de notre armée lors des affrontements avec un groupe rebelle.
- Le portefeuille de l’Etat avec en vue une privatisation des entreprises. Le président du sénat congolais en ayant parlé dans sa communication au palais d’Egmont, nous l’avons pris au mot.
QUESTION : Le parlement a le devoir de contrôler le gouvernement. Et le gouvernement devrait allouer des fonds nécessaires pour la sécurité. Pouvez-vous nous dire ce que le gouvernement alloue à la défense pour que nos soldats soient bien payés et qu’ils puissent bien défendre notre nation, surtout à l'Est.
KAMERHE : Parlant de l’Est du pays, nous devons d’abord cerner le problème. Nous avons organisé les élections en toute transparence et en toute démocratie. Mais nous étions surpris d’apprendre qu’il y avait un général, nommé à Kinshasa, qui devait venir prendre ses fonctions à Kinshasa, et qui a refusé de venir à Kinshasa. Je voudrais parler de Laurent Nkundabatware. Et il a déclenché une guerre dans le Masisi qui a fait des ravages sur le plan humain et sur le plan économique. Nous nous sommes posé une question. Il fallait lever l’option. Faudrait-il continuer la guerre pour espérer obtenir une victoire militaire, ou chercher une issue politique moins coûteuse, et sur le plan humain, et sur le plan économique. Au niveau du parlement nous avons donné l’impulsion. Nous avons dit au président de la République qu’il faut privilégier l’issue politique. C’est comme cela que nous nous sommes retrouvés à Goma et j’avais dirigé le comité des sages pour essayer de rapprocher toutes les tendances en présence. Et je dois vous dire que nous sommes arrivés à la signature de deux actes importants : l’acte d’engagement pour le Nord-Kivu, et l’acte d’engagement pour le sud-Kivu. Maintenant la question est de savoir , quelle est l’étape suivante ? Puis que je l’ai dit dans mon interventiion de tout à l’heure, une chose est de conclure les accords, une autre et la plus importante est de les appliquer.alors, nous avons mis en place la commission AMANI.qui est dirigée par l’abbé Malu-Malu. Il a fait son budget. Il me l’a déposé pour que je puisse en tant qu’autorité budgétaire discuter avec le gouvernement pour modifier notre budget actuel et donner suffisamment de moyens à cette commission pour accomplir toutes les obligations qui sont les siennes dans le cadre de la recherche de la paix. Je dois dire au-delà de ceci, il y a les tâches traditionnelles du gouvernement de veiller à la sécurité des hommes et de leurs biens. Ça c’est la police. Et la réforme de la police est en marche. Vous le savez très bien, l’insécurité zéro ça n’existe pas nulle part au monde. Même ici en Belgique, même aux Etats-Unis le pays le plus développé du monde, à New York, c’est chaque jour, si pas chaque heure qu’on déplore les actes d’insécurité. Mais ceci ne doit nous encourager à croiser les bras. Donc la police est à pied d’œuvre. Notre armée qui est au fait un regroupement de l’ancienne armée nationale et des milices et des rebellions, c’est en fait en soi une bombe à retardement. C’est une armée qui doit être restructurée totalement. Mais il fallait d’abord parer au plus pressé.. nous faisons l’intégration de l’armée suivant le modèle qui avait été convenu dans le cadre des accords signés. Nous sommes conscients que si le Congo doit relever la tête et retrouver sa place au cœur de l’Afrique, c’est une grande Nation qui doit se faire respecter, il nous faut une armée dissuasive, pas pour attaquer les autres, mais pour défendre le territoire congolais et pour être une véritable dissuasion vis-à-vis de quelque aventurier de quelque bord que ce soit. Voilà ce que nous pouvons dire. Mais en ce qui concerne le budget, l’armée, la sécurité, sont les rubriques les plus importantes dans le budget de l’Etat. Mais comme je vous l’ai dit, il y a eu des impondérables. Par exemple le processus de Goma qui demande des moyens supplémentaires. Et nous allons y pourvoir.
Nous sommes les journaux en ligne de la communauté congolaise de Belgique et les chaînes de télévision qui diffusent nos éléments. J’ai une question à propos de la privatisation du patrimoine de l’Etat. Ceux qui géraient le portefeuille de l’Etat, c’est des hommes. Mais quand vous privatisez, c’est d’autres hommes mais qui gèrent mieux. Comment est-ce que l’Etat est incapable de trouver des hommes qui gèrent bien et qu’il puisse garder son patrimoine ?
Non aujourd’hui nous avons pris des lois pour le désengagement de l’Etat au niveau des entreprises publiques. Mais à l’heure actuelle, on n’a encore rien privatisé. C’est lorsque ces lois auront été promulguées, à partir de ce moment-là, le désengagement, parce qu’on ne veut plus parler de privatisation. Le désengagement va se faire cas par cas. Et au moment où vous me posez cette question, je ne peux pas vous dire quelle est l’entreprise qui va être privatisée demain.
QUESTION
Parce qu’il y a des secteurs assez stratégiques comme le transport, les télécommunications, nous voyons ici en Belgique le rôle de la SNCB ou de Belgacom…
KENGO
Je vous signale que nous avons pris en compte la situation des sociétés stratégiques. Il n’y a pas que le transport. Il y a aussi la production de l’électricité, la commercialisation de l’électricité, la REGIDESO. Tout cela, on n’en tiendra compte lors de la privatisation, si l’état doit disposer de la majorité, ou de la minorité de blocage, et c’est à cette occasion là que chaque cas sera examiné.
Bruxelles, 25 avril 2008
Propos recueillis par Cheik FITA
Images et son : Justin KANDANDA
Gravage DVD : Gérard KANABASAWO.