Lundi 1er octobre 2007 dans un des innombrables studios de la radio belge, nous étions quatre congolais autour d’Angélique Michalakoudis, animatrice à la RTBFi, à esquisser un rapide survol de la rumba congolaise, des origines à aujourd’hui : Le chanteur Lokombe, le guitariste Dizzy Mandjeku, le chanteur Nyoka Lokongo et Cheik FITA, écrivain.
Le sujet est vaste et complexe. Il faudra plusieurs émissions pour le décortiquer.
Durant des décennies, la rumba congolaise a fait danser et rêver toute l’Afrique. Aujourd’hui, elle est certes toujours présente sur le continent noir, mais bien de paramètres modernes semblent lui avoir échappé
Dizzy Mandjeku, Lokombe, Cheik FITA,Elisabeth Michalakoudis,Nyoka Longo
Brigitte Grafé
LOKOMBE, en pleine exhibition
NYOKA LONGO Jossart
RICKY LUMBU du staff Zaiko & Cheik FITA
DIZZY MANDJEKU
Elisabeth Michalakoudis
NYOKA LONGO & LOKOMBE
LOKOMBE
Cheik FITA & Brigitte GRAFE
NYOKA LONGO & DIZZY MANDJEKU
À l’image de nos immenses ressources minières qui enrichissent tous les étrangers qui viennent les exploiter en laissant dans la misère noire la population locale, des nouveaux artistes africains, des producteurs de spectacles, des vendeurs de CD et DVD et même des chroniqueurs culturels se sont fait et du fric et un nom sur le dos des talentueux musiciens congolais.
Pourquoi ne pas parler de la toute dernière bourde : l’embrigadement presque militaire d’un nombre impressionnant de musiciens congolais de renom, dans la dernière campagne électorale au pays, en leur faisant porter le maillot du presque parti-état du moment ?
Lokombe et Dizzy Mandjeko ont rappelé aux auditeurs leurs souvenirs et leurs parcours depuis cinquante ans. Les chansons qu’ils ont interprété en direct avec juste une guitare acoustique ont confirmé leur grand talent.
Plus jeune qu’eux, Nyoka Longo a fait un constat amer : Il n’y a pas de politique culturelle au Congo. Pour renforcer sa position, il suffit de tenter de dresser les réalisations de chacun de ces innombrables « excellences » qui se sont succédé à la tête de notre ministère de la culture.
Il y a certes un grand nombre de jeunes artistes congolais qui ont émergé. Mais avec quelle musique ? Avec quels thèmes exploités ? Et en mettant quels liens avec les racines de la rumba congolaise ?
Sans lien assuré avec ses racines, quelle pourrait être l’avenir de cette musique congolaise ?
Qui est responsable de toute cette situation ? Comment nous en sortir ?
L’artiste a comme mission de créer une œuvre. Mais l’œuvre est en devoir d’être connue, d’être découverte. Quelles structures y-a-t-il pour l’aide à la création ? Pour la promotion ? Et même pour la diffusion et la vente ? Le mélomane congolais est-il en mesure de se procurer, un CD ou un DVD ? L’artiste est-il en mesure de vivre de son art ?
Au cas où tout cela était impossible, quelle devrait être l’attitude de l’artiste ? Devrait-il changer de métier ? Devrait-il recevoir de l’argent de n’importe quelle source pourvu que l’œuvre soit diffusé, même si en contrepartie, il devrait céder une partie de sa liberté de création ?
Devant quel genre de tentation nos artistes se trouvent-ils ? Devraient-ils crever de faim par orthodoxie, ou, comme tous les humains, ils devraient céder à la tentation du gain facile ?
Dans ces circonstances, est-il possible de maintenir le lien avec les racines de la rumba ? Est-il possible que notre musique survive en coupant le cordon ombilical ?
La presse congolaise joue-t-elle efficacement son rôle dans la promotion de notre rumba ?
Quid de l’Etat à tous les niveaux : commune, province, état central ?
Autant de questions qui méritent d’être débattues et résolues.
Il faudrait d’avantage de boucan autour de cette problématique.
La seule émission Afri K’danse produite par Brigitte Grafé avec le concours discret du comédien congolais Dieudonné Kabongo ne suffira pas.
C’est déjà très bien que l’émission soit suivie en FM à Kinshasa, et pour tous les congolais du monde accessible sur Internet. Malheureusement, en Belgique, passage presque obligé de tous les congolais vivant à l’étranger, sans compter tous les anciens du Congo, l’émission n’est diffusée qu’en ondes moyennes... C’est des dizaines de milliers d’auditeurs en moins pour la RTBF qui dispose pourtant de plusieurs chaînes radio diffusant vingt quatre heures sur vingt quatre. Deux heures par semaine plus une rediffusion d’une émission autour de la rumba congolaise sur la RTBF, serait-ce trop demander ?
LIEN : http://www.rtbfi.be/rtbf_2000/bin/view_something.cgi?id=0189874_sac
Pour écouter les émissions : http://www.rtbf.be/podcast/previsu/index.htm?th=&key=Afrik%27Danse
Cheik FITA
Bruxelles, le 3 octobre 2007