L’Urec, Union pour la Reconstruction du Congo, en collaboration avec l’Anader a organisé ce samedi 19 juin 2010 à Bruxelles, une conférence sur le thème : « 50 ans après l’indépendance, quelle alternative politique pour un développement durable en RD Congo ?
Lieu : Université Libre Internationale, 1, rue de Facqz.
Après l’hymne national puis le mot de bienvenue par Jeff Ciamala, ainsi que le Poème du Cinquantenaire de Christian LEVO, Chevalier de la plume, madame Louise Ngandu de l’Urec circonscrit l’environnement politique congolais dans lequel se tient cette rencontre : assassinat de Floribert Chebeya, la goutte d’eau qui fait déborder le vase de l’option de musèlement du régime de Kinshasa.
Dans la première partie de la conférence, sous la modération du journaliste Gboya Patoma, deux experts déblaient le terrain :
Antoine Tshitungu planche sur l’histoire de la RD Congo.
De 1883 à 1960, ce qui est dit de notre passé l’a essentiellement été par le colonisateur et bien de faits ont été occultés. Pire, de manipulations de tout genre ont sous-tendu bien d’événements.
De 1960 à nos jours, tout n’a pas été que mauvais et nous devons éviter le réflexe de tabula rasa. (Voir extrait vidéo plus bas)
Le deuxième orateur, Léopold TITA, Officier Polytechnicien de l’École Royale Militaire, attire l’attention de l’auditoire sur quelques faits :
Quand on retrace l’histoire de notre pays, combien de fois fait-on allusion à la force publique, sous-entendu l’armée ?
Quelle vision se faisait-on du Congo lors de sa création et même aujourd’hui ? « Un gâteau à se partager, à exploiter, un peuple sans un système de défense global. »
Défendre contre qui ?
Pourquoi ? D’où cette petite phrase qui fait son chemin : « le monde aime le Congo, pas les congolais. »
Ainsi, le natif congolais est occulté, et « La misère du natif congolais fait le bonheur du spoliateur. » Un natif qu’on croit et considère comme naïf, « Dont la dignité est amoindrie, jusqu’à ce jour. »
D’où, il faut une armée, un système de défense lié à un Etat de droit.
Au passage, l’orateur dénonce la mainmise d’une maffia internationale. Et au banc des accusés, l’ONU qui n’est pas un supra-gouvernement mais plutôt un club de nations, chacune faisant passer avant tout ses intérêts nationaux.
En conclusion, il propose trois actions :
Etaler sur la place publique le mensonge de nos ennemis.
Désarmer les infiltrés.
Extirper de nous, les antivaleurs par l’éducation civique.
Vient alors le panel politique sous la modération du journaliste Cornelis Nlandu Tsasa.
Les représentants de sept partis politiques sont sur le podium afin de répondre à une série de questions : les leçons des élections de 2006, quelle alternative politique pour un développement durable en République Démocratique du Congo ?
Quid des élections ?
Trois tendances sont en présence :
- Ceux qui avaient participé au scrutin de 2006 et qui comptent y participer en 2011.
- Ceux qui n’avaient pas participé au scrutin de 2006 et qui comptent y participer en 2011. C’est le cas de l’UDPS qui considère que maintenant « Le fruit est mûr », et que le peuple a compris qu’il avait été floué en 2006.
- Ceux qui n’avaient pas participé aux élections en 2006 et qui ne comptent pas non plus y participer en 2011. C’est le cas de l’Apareco. Raisons ? Le pays est sous occupation et qu’il est d’abord utile de le libérer . Ensuite, les préalables qui avaient manqué en 2006, ont-ils été remplis ?
Lors des échanges, un certain nombre de points ont été soulevés, autant par les orateurs que par le public :
- Les garanties pour des élections libres transparentes
- La mainmise du pouvoir en place sur la caisse de l’Etat y puisant allégrement à pleines mains.
- La certitude que les élections auront bel et bien lieu et ne pas y participer serait dérouler un tapis pour le pouvoir en place : un autre mandat de cinq ans, voire une pérennisation de 30 ans.
- La misère de 98% de la population alors qu’une infime partie s’accapare de tout.
- De ces chiffres, on perçoit l’impopularité des dirigeants actuels et donc la possibilité de les défaire dans les urnes.
- La nécessité de commencer le scrutin par les locales, possibilité d’accéder ainsi progressivement à la gestion d’une portion du pouvoir, le tripatouillage électoral étant plus difficile à la base.
- Le lancement d’un mot d’ordre dès maintenant à tous les congolais électeurs non seulement de voter, mais ensuite de rester devant leur bureau de vote pour assister au dépouillement puis à l’affichage des résultats de leurs bureaux respectifs. Cela mettrait ainsi en échec toute tentative de fraude au niveau de compilations.
- La politique étant dynamique et les données ayant beaucoup changé tant au niveau national qu’international, bien de paramètres ont évolué, il sied de les intérioriser.
Il aurait fallu plus de temps pour que les différents représentants des partis politiques s’expriment et se fassent mieux comprendre. Nous espérons que cette rencontre n’est pas la dernière.
Il faut féliciter les différents partis politiques qui ont répondu à cette invitation. Chacun d’eux a son idéologie, son projet de société, ses stratégies d’accès au pouvoir. Mais face au danger que court notre pays, ils ont pu se surpasser, se mettre autour d’une même table, dialoguer, et rechercher ce qui nous unit. Mieux, ils évitent ainsi le piège qui nous a maintes fois été tendu par les prédateurs de tout bord : nous diviser pour mieux nous exploiter.
Que des rendez-vous manqués jalonnent notre parcours commun : la table ronde économique de Bruxelles en 1960, les élections de 1965 zappées sur instigations de forces obscures, la conférence nationale souveraine minée, le dialogue dit inter-congolais, les élections de 2006. Devrons-nous encore rater l’échéance de 2011 ?
Certes le pouvoir en place cherchera à se cramponner, c’est un secret de polichinelle, certes il cherchera à truquer les élections et à acheter les consciences, c’est connu. Mais l’actuel pouvoir est-il si ingénieux qu’il soit impossible de trouver dans l’opposition des gens, des partis capables de déjouer tout cela ? Capables d’élaborer des contre-stratégies, capables d’un discours mobilisateur pouvant transformer tout le peuple congolais en une véritable armée de surveillance tant du processus électoral que de toutes les manœuvres dilatoires ?
Vu l’échec de l’actuel pouvoir issu des élections de 2006, une alternative politique ne s’impose-t-elle pas ? Quand ? Comment ?
En 1960, les Congolais avaient constitué un front commun face au pouvoir colonial. Aujourd’hui, les partis politiques congolais de l’opposition ne sont-ils pas en devoir de pareille attitude ? Constituer un front commun pour l’alternance : en allant dans le sens des aspirations profondes de notre peuple, en s’imposant une grande éthique, en définissant clairement les objectifs, en clarifiant les critères d’adhésion au front commun, en mobilisant les moyens humains, financiers et matériels, en mettant de côté l’orgueil personnel, en gérant les ambitions des uns et des autres et surtout en évitant les erreurs du passé ?
Est-ce impossible ?
Pour mémoire, voici les noms de ceux qui ont animé le panel politique de ce jour:
MD – Mouvement des Démocrates
Justine KASA-VUBU, Présidente Nationale
UDPS – Union pour la Démocratie et le Progrès Social
Félix TSHISEKEDI, Secrétaire National chargé des Relations Extérieures
MLC – Mouvement de Libération du Congo
Dr Jean-Jacques MBUNGANI, Consul général Honoraire,
Président Benelux
APARECO – Alliance des Patriotes pour la Refondation du Congo
Athanase MAPESSA, Président territorial Benelux
CLD – Congo en Légitime Défense :
Guy-Lambert Santimi, secrétaire National
ANADER – Alliance Nationale des Démocrates pour la Reconstruction
Albi BWEYA-NKIAMA, Représentant Extérieur
UREC – Union pour la Reconstruction du Congo
Marcellin LUKUSA, Président Belgique