Soeur Florence Mbiya lors de son mot de remerciement, aux côtés du Président du jury. Photo cheikfitanews.net
Le mercredi 11septembre 2013 dans l’auditoire Maisin de l’UCL, Université Catholique de Louvain, Soeur Florence Mbiya a été proclamée Docteur en
Sciences Médicales, Option Pédopsychologie, après une très brillante soutenance publique de thèse.
La thèse soutenue s’intitule « Attachement et capacités interactives des jeunes enfants Congolais abandonnés, en institution résidentielle. » C’était sous la direction du Professeur Docteur Dominique Charlier-Mikolajzak.
Durant son cursus scientifique, Sœur Florence Mbiya était à l’Université Catholique de Louvain, Faculté de Médecine, Ecole doctorale Santé et Société. Et elle a publié quatre articles scientifiques.
Une fois de retour en RD Congo, Sœur Florence Mbiya, désormais Docteur, oeuvrera à la faculté de Psychologie et des Sciences de l’éducation et Département de Psychiatrie (Faculté de Médecine).
Pour cet événement les personnalités scientifiques et académiques sont venues de Kinshasa :
Professeurs Tingu Yaba Maurice, Vice Doyen chargé de la Recherche et Conseiller au Ministère de l’enseignement Supérieur et Universitaire, Nkanga, Doyen de la Faculté de Psychologie de l’UNIKIN, Professeur Samuel Mampunza Doyen de la Faculté de Médecine de l’UNIKIN.
Si Sœur Florence Mbiya a pu mener à bien ses recherches, c’est grâce à une prise en charge financière de l’UCL, de la Fondation Marguerite-Marie Delacroix (Belgique), Fondation NEUNEZ (Belgique) et Fondation « Return to Care » (Belgique).
A l’issue de la soutenance de sa thèse, Sœur Florence Mbiya a accordé à notre journal en ligne l’interview ci-dessous.
1. Vous venez d'être proclamée Docteur en Sciences Médicales. Quand êtes-vous arrivée en Belgique?
Je suis arrivée en Belgique au début de l’année 2009.
2. Quel a été votre parcours avant d'arriver en Belgique?
Comme religieuse des Sœurs de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus de Kinshasa, communément appelées « Sœurs de Malula », j’ai travaillé comme enseignante de cours de Morale au Lycée Boyokani à Yolo-Sud pendant 2 ans avant d’entamer mes études universitaires à l’UNIKIN de 1995 à 2000. Ensuite, j’ai travaillé comme assistante à la recherche à la Faculté de Psychologie de Kinshasa. J’ai accompagné les personnes consacrées dans le cadre du Centre d’Ecoute et d’Entraide pour personnes consacrées, initié par les Supérieurs Majeurs, j’ai été Secrétaire Générale de la Congrégation et supérieure de la communauté des sœurs étudiantes située à l’Université de Kinshasa.
3. Qu'est-ce qui avait motivé le choix du thème de votre travail?
J’ai vu la souffrance de l’enfant congolais et j’ai réfléchi sur la meilleure façon d’intervenir afin de lutter pour la « cause de l’enfant ». Ce terme cher à Françoise Dolto m’a toujours inspiré car rien n’est plus noble qu’une lutte engagée pour la cause des plus faibles. Aujourd’hui, l’UNICEF déclare je cite : « La République Démocratique du Congo est un pays où il est difficile d’être un enfant ». Tout est dit dans cette phrase que j’ai tirée dans un rapport de l’UNICEF. La RD Congo est devenue le pays des enfants abandonnés traités de plusieurs manières. Je pense que si nous –mêmes, nous ne nous engageons pas à sauver l’enfance en RD Congo, notre pays va droit à une explosion irrécupérable. N’oublions pas que ces enfants aujourd’hui constituent l’avenir de notre pays.
4. Quelles ont été les grandes étapes de votre travail?
Les grandes étapes de mon travail étaient d’abord mon arrivée en Belgique, l’expérience clinique d’une année passée en tant que psychologue au sein du Service de Pédopsychiatrie des cliniques Universitaires Saint Luc ; la Formation doctorale ponctuée des cours, séminaires, colloques, Congrès, documentation en Bibliothèque et la rédaction des articles et du livre de thèse.
5. Quelles sont les perspectives de votre travail?
Enseigner à l’Université, pratiquer la clinique infanto juvénile au sein du futur service de Psychiatrie infanto juvénile au CNPP-UNIKIN, sensibilisation du peuple congolais à la cause de l’enfant et aussi former les soignants des enfants abandonnés à une prise en charge qui tienne compte des besoins psychiques des enfants.
6. Quels sont les préalables pour l’accomplissement de vos perspectives?
La promulgation et l’application d’une loi pour protéger l’enfance, l’accès aux médias congolais pour une large diffusion des enseignements liés à l’enfance, l’engagement du gouvernement congolais à faire de la cause des enfants l’une de ses priorités.
7. Quel impact votre travail pourrait-il avoir sur la société congolaise si tous les préalables étaient réunis?
Le changement des mentalités par rapport à l’enfant, la prise de conscience et le sens de responsabilités par rapport aux besoins d’un enfant, la lutte contre la stigmatisation des enfants et l’abandon des enfants, une bonne prise en charge des enfants en institution.
8. Votre dernier mot.
Je remercie la Belgique qui, à travers l’Université Catholique de Louvain m’a accueilli et aidé à réaliser cette thèse ; je remercie la Fondation « Return to care » qui m’a aidé à élaborer un bon projet de mise en œuvre de toute cette étude. Comme son nom le dit, « Return to care » nous encourage à rentrer chez nous pour soigner les nôtres. C’est une initiative qui vise à encadrer les professionnels de santé venus du Sud pour un séjour de formation en Belgique, à élaborer un projet de réinsertion chez soi. Grâce à l’efficacité de son Secrétaire Général le Docteur Paul de Munck et son Président le Professeur Jean –François Denef, cette fondation nous a énormément aidé à orienter notre pratique professionnelle pour des besoins réels au pays.
J’invite tous les Congolais à voir en chaque enfant un être à soutenir, à aider et à aimer plutôt qu’à rejeter.
Et je vous remercie, vous Monsieur le journaliste du journal en ligne Congolais de Belgique pour le souci que vous portez de faire l’écho de cette recherche.
Propos recueillis par Cheik FITA
Copyright by cheikfitanews.net. Bruxelles, septembre 2013
NOTA BENE. REPORTAGE VIDEO EN COURS DE MONTAGE.