La RTNC, radio télévision nationale congolaise a diffusé le lundi 5 janvier 2015 dans son journal de 22h00, des images d’une rencontre entre le président Joseph Kabila et les notabilités du Katanga.
C’est un secret de polichinelle, ce show était une réponse indirecte, au géant bain de foule d’il y a deux semaines, du gouverneur Moïse Katumbi lors de son retour, à la suite d’un long séjour à Londres pour des soins médicaux. A cette occasion, monsieur Moïse Katumbi a dénoncé en de termes à peine voilés, une éventuelle tentative de monsieur Kabila de briguer un troisième mandat, de la façon que l'on connaît. Il faut ajouter à cela, les déclarations anti-révision constitutionnelle d'autres leaders katangais. Résultat: l'opinion politique au Katanga semble s'éloigner des appétits du pouvoir de Joseph Kabila.
Qu'a dit monsieur Kabila aux "notables" katangais?
Au stade actuel, nous ne pouvons que nous contenter du commentaire de journaliste, qui accompagnait les images du reportage vidéo. Pas de voix de Joseph Kabila.
Monsieur Kabila a ainsi commencé par se justifier : « Il tient de telles rencontres dans tous chefs-lieux de province quand il y est de passage. »
Et dans une dépêche de la voix de l’Amérique on pouvait lire ceci: « Les journalistes qui ont assisté à la rencontre ont précisé à la VOA que Kabila a déclaré être allé dans le Katanga parce qu’il est originaire de la province et non pour répondre à qui que ce soit, plutôt pour se reposer. »
Ensuite, il a été question du découpage territorial en 26 provinces. Pour monsieur Kabila, cela est dans la constitution promulguée en 2006. Il y a des voies pour réclamer un changement. Réponse indirecte au président de l’assemblée provinciale, Kyungu wa Kumwanza et à l’ancien député actuellement incarcéré, Vano Kiboko.
Par rapport au comportement des responsables des provinces, il a affirmé qu’ils ne sont pas là pour de bras de fer avec le pouvoir central, mais doivent rendre compte au peuple. Ils devraient mettre un terme aux propos de division.
À ceux qui se constituent en milice, avec comme risque, celui de faire couler le sang, il leur a conseillé de dissoudre leurs mouvements avant que l’on ne s’occupe d’eux. Allusion aux « Kata Katanga ».
À propos de 2016, pour Joseph Kabila, en parler maintenant, est une distraction, il faut attendre fin 2016.
Du point de vue économique enfin, il a affirmé que le Katanga est la province qui a reçu le plus gros financement : plus de dix milliards de dollars. La richesse de la province ne profite pas à la population alors qu’on voit de gros camions quitter régulièrement Kolwezi pour Kasumbalesa. Pique contre Moïse Katumbi que l’opinion dit être riche et posséder de centaines de camions de transport des minerais.
Conclusion de la rencontre ?
D’un côté, monsieur Joseph Kabila se présente comme le garant de la constitution et ne manque pas de s’y référer quand le jeu est en sa faveur. De l’autre côté, il garde un mutisme suspect par rapport à la fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel qui se termine en 2016. Cela aurait été tout à son honneur de clamer que d’autres peuvent déjà prétendre à devenir président de la république, et dans son camp politique, et dans le camp politique adverse, alternance politique oblige.
Cette prestation ne donne-t-elle pas l’impression d’être un combat désespéré de monsieur Joseph Kabila pour garder le Katanga dans sa sphère d’influence ? Pour quel dividende ? Sachant que du point de vue de la constitution dont il prétend être le garant, fin décembre 2016, il ne sera plus Président, avec impossibilité de briguer un troisième mandat !
Bruxelles, le 6 janvier 2015
Cheik FITA