Durant le week-end du 2 mai 2015, Kalev Mutond le chef de l’ANR, agence nationale de renseignements a rencontré les responsables des trois principaux partis congolais de l’opposition à savoir l’UDPS, le MLC et l’UNC.
Quelle est la suite ?
Selon le journal le phare paru à Kinshasa le jeudi 7 mai 2015, « Kalev Mutond, est revenu à la charge au début de semaine. C’était pour se faire remettre les mémorandums de ces trois partis de l’Opposition en rapport avec la crise politique née à la suite des élections présidentielle et législatives controversées de novembre 2011, dont la résolution devrait passer par un « Dialogue national inclusif ».
Quel dividende Joseph Kabila peut-il tirer de ce mini-dialogue inclusif ?
Il faut d’abord rappeler que ce dialogue inclusif est une recommandation des accords d'Addis-Abeba signés le 24 février 2013.
En 2014, le pouvoir de Kinshasa avait organisé son « dialogue national » qui avait accouché d’une souris. Les échecs successifs de modifier la constitution et d’adopter une loi électorale facilitant le glissement du calendrier électoral ont mis Joseph Kabila au pied du mur.
Dans l’entretemps l’approche des échéances électorales limitent chaque jour la marge de manœuvre de monsieur Kabila :
- Avec les élections provinciales d’octobre 2015, les assemblées provinciales, les gouvernorats et le sénat changeront de configuration. Le bilan socio-économique de monsieur Kabila permettra-t-il aux membres de son parti de gagner ? Peu probable.
- Avec la présidentielle de 2016, il est acquis que monsieur Kabila ne pourra pas se présenter. Son départ du pouvoir est quasi certain. Quel membre de son actuelle « majorité » pourra se faire élire en traînant aux pieds c boulet qu’est tout le passif des 15 ans de règne ? Et même dans le cas improbable où c’est un kabiliste qui gagnait la présidentielle, en quoi cela sera-t-il profitable à Kabila ?
« On est mieux servi que par soi-même » dit-on.
Si Joseph Kabila veut survivre politiquement après son règne, il n’est pas mauvais d’assurer ses arrières en prenant déjà langue avec ceux qui gouverneront sûrement déjà fin 2015 au niveau des provinces, et sûrement au niveau national, fin 2016. C’est dans moins de 20 mois.
Quelles concessions les opposants attendent-ils de la part de Joseph Kabila lors de ce mini-dialogue ?
1. Remettra-t-il le pouvoir à Tshisekedi comme le demande l’UDPS ?
2. Acceptera-t-il de remplacer une ou deux personnes à la CENI ?
3. Libérera-t-il les prisonniers politiques ?
4. Libérera-t-il l’espace médiatique ?
5. Repoussera-t-il les élections locales ?
6. Acceptera-t-il que la CENI enrôle les électeurs ayant atteint 18 ans entre 2011 et 2015 ?
Quant aux partis contactés,
- Par pragmatisme, accepteront-ils le fait accompli de la présidence de Kabila dans l’espoir de mieux rebondir lors des élections ?
- Se feront-ils prendre au piège de postes ministériels avec comme conséquence de donner une certaine légitimité à Kabila, au risque de favoriser un éventuel glissement ?
- Ou seront-ils assez matures pour baliser la voie vers des élections apaisées, dans le respect strict des délais constitutionnels ?
Bruxelles, le 7 mai 2015
Cheik FITA