Novembre 2016 approche et une nouvelle présidentielle se pointe à l’horizon en RD Congo. Quels sont les scénarii possibles ? Y aura-t-il encore un hold-up électoral comme en 2011 ou pas ? Comment les Congolais vivant à l’étranger peuvent-ils anticiper et influer sur le processus électoral en tirant les leçons de la mauvaise expérience de 2011 ?
En 2011, conscient de son impopularité, pour s’assurer de rester au pouvoir, monsieur Joseph Kabila avait commencé par changer la constitution à la hussarde, en imposant un seul tour pour la présidentielle.
Lors du scrutin, ne voulant prendre aucun risque, non seulement monsieur Kabila planifia un bourrage d’urnes à très grande échelle, mais il s’assura aussi de la docilité de la CENI, commission électorale indépendante, qui publia des résultats définitifs fantaisistes au profit du mentor.
Joseph Kabila se cramponnât ainsi pour un nouveau et dernier bail de cinq ans à la tête de la RD Congo.
Au lendemain de ces élections de 2011, les rues de la capitale Kinshasa furent quadrillées par l’armée, et il n’y eut aucun mouvement de foule pour contester le nouveau mandat. Monsieur Joseph Kabila profitait du fait qu’il avait entre ses mains tous les leviers du pouvoir : gouvernement, parlement, CENI, pouvoir judiciaire, police, armée, territoriale, services de sécurité, banque, diplomatie.
Que nous réserve 2016 ?
2016 ne sera pas 2011 pour deux raisons.
La première, c’est que monsieur Joseph Kabila ne peut plus se représenter. Cela aurait dû être un atout pour un processus électoral apaisé. Malheureusement, cela est plutôt un obstacle. Pourquoi ? À ce jour, monsieur Kabila n’a émis aucun signal indiquant qu’il voulait partir du pouvoir. Bien au contraire. Non seulement toutes ses dernières tentatives de changer les textes pour se maintenir au pouvoir tournent en eau de boudin, mais plus le temps passe, plus sa marge de manœuvre s’amenuise. Les gens du clan en sont conscients, chacun préparant malignement Son sauve-qui-peut, avant le crash final du système.
La deuxième raison, c’est que, frustrée par le hold-up électoral de 2011, fatiguée de la misère et dégouttée par l’aventurisme des animateurs du système kabiliste, la population congolaise tient désormais le système Kabila à l’œil.
Et les Congolais de l’étranger ?
En 2011, le mouvement des Congolais de l’étranger était une réaction.Quand ils occupèrent les rues dans plusieurs villes du monde durant des semaines, il n’y eut pas de communion entre la population au Congo et sa diaspora.
À l’approche de 2016, il faut anticiper et agir en amont. Une nouvelle dynamique doit voir le jour.
Des initiatives apparaissent déjà ici et là dans différentes villes d’occident tendant à créer des réseaux, c’est déjà une réponse quoiqu’encore timide.
La force économique et sociale de la diaspora doit rapidement être transformée en un véritable lobby à condition de fonctionner en interface avec les dynamiques de la société civile en RD Congo. Il est temps d’appuyer sur l’accélérateur.
Bruxelles, le 1er septembre 2015
Cheik FITA