L’année 2016 est une année cruciale pour le Congo. En novembre, les élections devraient avoir lieu. Tout porte à croire que ce délai ne sera pas tenu. Kabila pratique une « politique de glissement », par laquelle il est conscient qu’il laisse les problèmes s’aggraver pour en définitive s’imposer comme unique alternative et ainsi demeurer au pouvoir. La seule voie de sortie est que Kabila fasse un pas de côté.
Report des élections
Tout au plus tard au mois de décembre 2016 Joseph Kabila doit se retirer pour céder la place à un nouveau président de la RDC. La constitution n’autorise pas un troisième mandat. Suite à la répression croissante et des manœuvres dilatoires ce scénario est à ce jour plus qu’improbable. Au mois de janvier, la commission électorale (CENI), annonça qu’il lui fallait 18 mois pour fiabiliser et crédibiliser le fichier électoral. Même sous la direction de son nouveau président, Corneille Nangaa Yobeluo, la CENI ne parvient pas à réaliser des progrès.
Cependant, la date des élections de novembre approche à grands pas. Pour le président
Kabila, un report est le scénario idéal, l’article 70 de la constitution congolaise dispose notamment qu’à la fin de son mandat, le Président de la République reste en fonction jusqu’à l'installation effective du nouveau Président élu. Suite au chaos, il pourrait indéfiniment prolonger sa présidence. ‘Après moi c’est le déluge’ comme le répétait 30 ans durant son prédécesseur Mobutu.
Un printemps congolais
Les violations des droits de l’homme et la répression de l’opposition s’accentuent de plus en plus. La grogne continue de grandir. La position de Kabila est plus que jamais incertaine : les anciens alliés lui ont tourné le dos et l’opposition peut aligner des vieux routiers comme Tshisekedi et Kamerhe comme des adversaires redoutables. Et ce, sans compter sur le populaire, ex-gouverneur de la province Katanga, Moïse Katumbi. Et le rôle de Jean-Pierre Bemba, qui ce mois-ci attend l’issue de son procès à la Haye, n’est pas complètement insignifiant.
Une autre difficulté qui se pose au président Kabila est qu’il n’a jamais bénéficié d’une large adhésion des populations urbaines. Pour les élections à venir, la clé du pouvoir réside entre les mains du grand nombre des jeunes chômeurs dans les grandes villes comme Kinshasa et Goma. Ils ne peuvent plus s’imaginer cinq ans de plus avec Kabila, encore cinq ans sans perspectives d’avenir. Des cinq chantiers de Kabila rien n’a été réalisé. La révolte va-t-elle exploser ? Y-aura-t-il un printemps Congolais?
Départ de Kabila
Ces élections doivent aboutir. L’avenir de la démocratie congolaise est en jeu. Kabila doit se convaincre qu’il a tout à gagner avec une transition de pouvoir pacifique et inconditionnelle. Autrement ce sera un scénario burundais où un long conflit entre le président et l’opposition fera reculer le pays. De même un départ forcé à la suite des violentes actions populaires à l’instar du Burkina Faso n’est pas à exclure.
Le dossier Congo requiert une approche pragmatique. D’abord, le président doit sans conditions se retirer du pouvoir, mais on doit aussi lui offrir une sortie honorable. Un départ du président diplomatiquement arrangé emporte notre préférence.
Les partenaires internationaux, la suite de Kabila et les responsables de l’opposition doivent se réunir au plus niveau pour déterminer si oui ou non Kabila doit rester dans le pays, où il pourra s’établir, quelles fonctions il pourra encore exercer et de quelles immunités il pourra bénéficier pour les violations commises durant son mandat. Nos exigences doivent être mitigées, l’objectif étant un atterrissage en douceur pour le président, et non pas de le pousser à la défensive. Le jeune Kabila (44 ans) doit avoir la possibilité d’avoir un avenir politique pour lui et son parti au Congo.
En second lieu, les propositions qui tiennent compte d’un report des élections ne doivent plus être tabou. Tout le monde a des avantages à tirer des élections transparentes et honnêtes. Si une période transitoire à partir de décembre 2016 sous la direction d’un président-intérimaire peut le garantir, cette piste devrait être envisagée par le président actuel et l’opposition.