Vous êtes Congolais,
Vous habitez Bruxelles.
Ces noms vous disent-ils quelque chose ?
Général Jacques.
Thieffry.
Vous me répondrez sans doute : Boulevard, pour Général Jacques, et station de métro pour Thieffry, à la jonction d’une avenue qui porte le même nom. Vous avez raison.
Question suivante. Ces deux noms ont-ils un lien avec l’histoire de la République Démocratique du Congo notre pays ?
Là, il faut avoir été un bon élève en histoire pour répondre.
Eh bien, ces deux noms ont un lien avec l’histoire de la RD Congo, autant que d’autres noms encore.
Pour le découvrir ou se les remémorer, nous étions une quarantaine ce dimanche 19 avril 2009 entre 14 heures et 16 heures à répondre à l’appel du collectif « mémoires coloniales » pour ce saut dans le passé sous la conduite de Guy De Boeck, historien belge ayant vécu au Congo.
Partis de la Place du Roi vainqueur dans la commune d’Etterbeek, nous sillonnerons un certain nombre de rues du quartier des casernes dont les noms se réfèrent au passé colonial de la Belgique. Qui dit noms attribués à une rue pense à personnages héroïques. Le furent-ils ?
Dans notre promenade, le collectif avait préparé un certain nombre de panneaux de rue qui remplaceraient symboliquement les panneaux officiels.
Cette opération entraînera par-ci par là quelques frictions avec certains habitants des maisons où sont apposés les panneaux des rues. Propriété privée ou espace public ?
Voici les noms des rues de nos escales ainsi que pour la plupart, les commentaires sur les panneaux du collectif « mémoires coloniales »
1. Rue Général Henry.
Répression des Baoni lors de la révolte de 1895. Vainqueur de la bataille de la LINDI, il devient alors « Général Chevalier de la LINDI »
2. Général Fivé
Avait des fonctions civiles avant. A été impliqué dans la production du caoutchouc, la dépopulation, et la pratique des mains coupées.
A cette époque, avec le progrès dans le transport, il y avait une forte demande de caoutchouc. Et les deux fournisseurs du moment étaient le Brésil et le Congo. Pour accroître la production, la main d’œuvre en paya les frais.
3. Lieutenant Camille Coquilhat
Explore et soumet la région de l’Equateur. Il est l’inspirateur du caoutchouc rouge » (nom donné à l’exploitation sanguinaire du caoutchouc.)
4. Baron Dhanis
Vainqueur de la campagne arabe « anti-esclavagiste », grand héros libérateur du Congo.
5. Capitaine Lemarinel.
Explorateur colonial, sa colonne comprend cent cinquante porteurs et cent quatre-vingt soldats. Il installe en 1891, le premier poste de l’Etat au Katanga. Il avait été de la même armée que Dhanis.
6. Commandant Ponthier
Il gagne l’Afrique en 1887, participe aux « campagnes de l’Etat Indépendant du Congo contre les arabes » (Bantous musulmans de Zanzibar)
7. Cardinal Lavigerie (pères blancs) prédication de la croisade antiesclavagiste » en 1885.
8. Capitaine Joubert.
A pris la nationalité congolaise.
Il est le seul congolais blanc sous Léopold II.
9. Commandant Lothaire
Servait dans l’Est du Congo, au moment de la campagne « contre les arabes », puis de la révolte des Baoni. Surnommé « Kamba-kamba » (celui qui aime la corde) Il faisait régulièrement pendre ses opposants. En 1897, il devient directeur africain de l’anversois (société d’exploitation du caoutchouc et de l’ivoire).
10. Edmond Thieffry.
Aviateur. Fut le premier a effectuer un vol en avion de Bruxelles à Léopoldville. Il quitte Bruxelles le 12 février 1925 et atterrit sur la piste de N’dolo (Kinshasa), le 3 avril 1925.
Il est seize heures dix-huit quand nous nous séparons.
Aux curieux, carte de Bruxelles en main, de refaire un autre jour notre parcours. Mais bien d’autres rues portent de noms tout aussi évocateurs. Souvent quand nous échangeons les adresses, nous donnons machinalement le nom de la rue où nous habitons sans y réfléchir.
Tant que nous y sommes, quel est le nom de votre rue ? Et cela vient d’où ?
Cheik FITA
Bruxelles, le 21 avril 2009