Il y a quatre ans, le dimanche 30 juillet 2006, les Congolais s’étaient rendus aux urnes pour se choisir un Président et des députés. Dans un an, le dimanche 31 juillet 2011 le peuple congolais devra de nouveau se rendre aux urnes. Pour quelles élections ?
RATTRAPE
Au dialogue inter congolais, les participants s’étaient convenus de commencer les élections par les locales et achever le processus par la présidentielle.
Suite à certaines manœuvres politiciennes, l’ordre fut inversé avec en prime la mise aux rencarts des élections locales.
Quatre ans après, au moment où le compte à rebours a commencé, où en sommes-nous ?
Le pouvoir de Kinshasa n’a pu ni recenser la population, ni organiser les élections locales, ni réussi la décentralisation inscrite dans la constitution. Mauvaise foi ? Navigation à vue ? Les deux ?
Le président Joseph Kabila dans son discours du 30 juin 2010 a annoncé l’organisation des élections générales et de la présidentielle… Puis des locales. Lapsus ? Message délibéré ?
Durant un mois, dans notre journal en ligne, nous avons donné la parole à un certain nombre d’hommes politiques congolais sur ce point précis : une unanimité s’est dégagée : les locales d’abord ! Leurs arguments ?
1. C’est de la logique la plus simple,
2. Il s’agit d’un arriéré électoral,
3. Agir autrement serait un mépris du souverain primaire
4. Quand on est sûr de son bilan, on aborde les élections sans état d’âme. Quand on a des craintes sur un effet de contagion, on manœuvre…
PAS DE RATTRAPAGE
Vendredi 30 juillet dernier lors d’une réunion interinstitutionnelle présidée par le Chef de l’Etat, à propos des élections, on peut lire dans le journal Le Potentiel de Kinshasa paru ce lundi 2 août, que les options suivantes ont été levées :
« Au double plan financier et logistique, elle (la rencontre interinstitutionnelle, ndlr) a levé les options suivantes : adoption et mise en œuvre du plan de trésorerie 2010 permettant la réalisation de l’opération de révision du fichier électoral dans un délai compatible avec les exigences du calendrier ; adoption du budget global couvrant tout le cycle électoral allant des opérations préélectorales aux élections locales, en passant par les élections nationales et provinciales ; »
En termes vulgaires cela veut dire ceci : pour le pouvoir de Kinshasa, le cycle électoral commencera par les opérations pré-électorales et se terminera par les élections locales. Entre les deux, il y aura les élections nationales et provinciales !
Conclusion ?
Il n’y a pas eu de correctif, le pouvoir de Kinshasa a confirmé sa volonté de zapper les locales durant son mandat 2006-2011 !
Peur de la noyade ?
Espérant rempiler, l’impérium re-confisqué, il pourrait alors organiser les locales, à coup de baïonnette pratiquement.
JOSEPH MOBUTU 32 ANS, JOSEPH KABILA 15 ANS ?
Ce n’est un secret pour personne, Joseph Kabila veut se succéder à lui-même. Aidé en cela par tous les jouisseurs et courtisans du sérail, la plupart formatés par le défunt Parti-Etat
Quand on sait que dans nos pays d’Afrique noire longévité au pouvoir rime souvent avec totalitarisme… la RD Congo semble se diriger vers le Zaïre des années 80 !
Situation bien embarrassante désormais pour certaines institutions internationales susceptibles d’appuyer le processus électoral congolais, et pour certains médias internationaux qui relaient les informations de la RD Congo sous des prismes d’un autre âge.
BELELA NDOKI
Que du travail donc pour les partis politiques d’opposition et les organisations de la société civile et tous les citoyens épris de justice durant les douze mois à venir : débusquer tous les apprentis-sorciers, dénoncer toutes les cabales et surtout surveiller et s’impliquer dans:
- L’élaboration de la loi électorale,
- La mise sur pied la CENI,
- L’élaboration du règlement intérieur de celle-ci,
- L’élaboration du calendrier électoral,
- Le recensement des électeurs,
- L’élaboration et la publication des listes électorales
- Le déploiement des observateurs dans tous les bureaux de vote sans exception et la surveillance du scrutin…
Bref, mobiliser les soixante-dix millions de Congolais pour que le pays ne rate pas le rendez-vous de 2011.
Y a-t-il meilleure force ou meilleurs armée pour un pays que le peuple tout entier mobilisé pour une cause noble ?
Des élections propres, transparentes sont non seulement un droit, mais une cause pour laquelle chaque congolaise et chaque congolais doit se mobiliser, chaque jour, jusqu’au terme du processus.
Ne pas être attentiste.
Les paramètres nationaux et internationaux ayant beaucoup changé, il est possible de rendre l’année 2011, différente de 2006.
Un homme avertit en vaut deux. Et un peuple averti ?
Cheik FITA
Bruxelles, le 2 août 2010