En ce 15 décembre 2016, jour de la clôture de la dernière session parlementaire de l'assemblée nationale issue du hold-up électoral de 2011, la RD Congo est suspendue aux résultats du dialogue congolais sensé résoudre une crise politique en deux volets :
- Le sort politique du Président sortant au-delà du 19 décembre 2016.
- L'organisation de la Présidentielle et des législatives.
Trois possibilités sont envisageables à l'issue de ce dialogue:
1. Ils ne se mettent pas d'accord et le dialogue se termine en queue de poisson.
2. Ils se mettent d'accord pour une courte transition de gestion collégiale de l'état (+- six mois) afin d'organiser la présidentielle et les législatives en laissant l'organisation des autres scrutins aux soins du nouveau pouvoir élu.
3. Mais la résolution qui pourrait réellement décrisper le climat politique c'est celle de déclarer qu' « à partir du 20 décembre , monsieur Joseph Kabila n'est plus Président de la République et ne peut par conséquent ni engager la RD Congo, ni parler en son nom »
Pour parvenir à cela, il y a un obstacle : La position des 16 délégués de la mouvance présidentielle à ce forum.
- Auront-ils le courage d'être pragmatiques, de lire les signes de temps et entrer ainsi dans l'histoire par la grande porte ?
- Ou seront-ils à ce point aveugles au point de s'entêter dans une voie apparemment sans issue ?
Une compatriote avec qui l'on discutait de cela dira ceci :
« De quoi ont-ils peur ces 16 là ? S'ils ont peur pour leur vie, ils prennent une décision courageuse aujourd'hui et ils vont se réfugier dans une Ambassade jusqu'au 20 décembre!(durant cinq jours) »
Qu'est-ce à dire ?
- Les seize délégués du clan Kabila :
- Savent très bien que le mandat du Président sortant se termine le 19 décembre 2016 à 23h59,
- Ils savent qu'en tant que garant de la constitution , le Président Kabila était en devoir de s'assurer que les élections soient organisées dans les délais constitutionnels, le Président Kabila est donc à l'origine de la crise politique,
- Ils savent que le Président Joseph Kabila n'a(vait) pas l'intention de quitter le pouvoir à l'issue de son deuxième et dernier mandat,
- Ils savent qu'il suffit que le Président Joseph Kabila soit contraint de quitter le pouvoir le 20 décembre et la crise politique s'estompe.
- Ils savent que dans la population, la tension est à son paroxysme ; à partir du 19 décembre 2016 dans tous le pays et dans les différentes communautés congolaises à l'étranger, avec des leaders politiques ou pas en avant plan, le Peuple congolais manifestera pour le « Bye Bye Kabila »,
- Ils savent qu'après le 20 décembre 2016, le pays risque d'être ingouvernable,
- Ils savent que le temps que le pouvoir croit gagner amène plutôt le pourrissement,
- Ils savent que le Président Joseph Kabila est plus vers la fin de son règne que vers un rebondissement pour d'autres hypothétiques années à la tête du pays…
Mais ces 16 délégués doivent aussi savoir ceci :
- En prenant aujourd'hui 15 décembre 2016, une position courageuse conforme à l'aspiration profonde du peuple congolais et conforme à l'esprit et à la lettre de la constitution :
- Ils vont peut-être passer cinq jours d'angoisse, mais à partir du 20 décembre, une fois le mandat de monsieur Kabila fini, ils entreront dans l'histoire de la RD Congo par la grande porte.
- Mais s'ils s'entêtent dans le déni, non seulement à partir de ce jour l'angoisse va commencer pour eux comme étant des traîtres à la Nation, mais cela continuera aussi longtemps que le Président Joseph Kabila se cramponnera au pouvoir jusqu'à sa chute. Chute qui est d'ailleurs irréversible et pouvant intervenir à tout moment, suite aux pressions tant internes et qu'externes.
Pour mémoire, nous remettons ci-dessous les articles clés de la constitution qui contiennent la clé de la crise politique artificielle actuelle.
Lus d'une façon désintéressée et sans un esprit tortueux ni mauvaise foi, leur compréhension est limpide. Et l'on se rend compte à quel point la crise politique congolaise actuelle est artificielle. Pour le plus grand nombre des Congolais le voeu le plus ardent serait celui-ci "Le 20 décembre 2016, le Président Joseph Kabila doit quitter le pouvoir."
Article 69 Le Président de la République est le Chef de l’État. Il représente la nation et il est le symbole de l’unité nationale. Il veille au respect de la Constitution
Article 70 Le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. A la fin de son mandat, le Président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau Président élu.
Article 73 Le scrutin pour l’élection du Président de la République est convoqué par la Commission électorale nationale indépendante, quatre-vingt dix jours avant l’expiration du mandat du Président en exercice.
Article 74 Le Président de la République élu entre en fonction dans les dix jours qui suivent la proclamation des résultats définitifs de l’élection présidentielle.
Bruxelles, le 15 décembre 2016
Cheik FITA
source ilustration:https://wazaonline.com/fr/wazavote-rdc/dilemme-kabila-ira-kabila-ira-pas