Le 28 novembre 2015, le hold-up électoral de 2011 totalisera quatre ans. En même temps, le compte à rebours par rapport à la fin définitive du pouvoir de monsieur Joseph Kabila ne se comptera plus en années, mois et jours, mais en mois et jours seulement.
Que retenir de ces quatre années ainsi que des dix autres précédentes ? Quel avenir pour la RD Congo pour cette dernière ligne droite ? Nous scruterons cela sous le prisme de la génération 18-33 ans.
On juge un pouvoir par ses réalisations pour la population, pour les citoyens, pour chaque catégorie de citoyens, pour chaque citoyen.
Quel bilan le régime finissant de Joseph Kabila laissera-t-il à la population ?
Ceux qui auront 18 ans en 2016, année des prochaines élections, avaient trois ans quand Joseph Kabila est arrivé au pouvoir.
Ceux qui avaient 18 ans en 2001, en auront 33 en 2016.
Quel regard cette tranche d’âge a-t-elle sur les 15 ans de présence du Raïs à la tête du pays ?
Quel est le parcours moyen de ces enfants qui avaient 3 ans en 2001 et qui en auront 18 en 2016 ?
À travers toute la république, du nord au sud, de l’est à l’ouest, combien d’entre eux peuvent s’estimer heureux des années 2001-2016 pour ce qui suit :
Une bonne alimentation,
L’accès :
Aux soins de santé
À l’eau potable,
À l’électricité,
À l'école,
À la sécurité des biens et de soi-même,
Au transport,
À un logement décent,
Aux bienfaits de la technologie,
À la culture et au loisir,
À l’information et à la formation,
Aux bienfaits de la technologie,
À une vie familiale paisible ?
Celui qui était devenu majeur en 2001, a-t-il réalisé aujourd’hui tous ses rêves, grâce à l’état ? A trente-trois ans, peut-il estimer avoir eu tous les atouts comme tous les jeunes du monde ayant son âge, ou a-t-il l’impression d’être à la traîne ?
Constituant la majeure partie de l’électorat, les 18-33 ans doivent être conscients que leur vote fin 2016 signifiera soit la continuité du système en place, soit une véritable alternance pour donner la chance au plus grand nombre.
Voteront-ils pour le statu quo ou pour le changement ? Pour un changement réel, profond, des hommes, de systèmes et de méthodes de gestion de la res publica?
Compte tenu de leurs aspirations et de la vie de galère leur imposée, ils n’ont qu’un choix : voter pour le changement, la rupture.
Doivent-ils attendre le jour du vote pour prendre conscience de leur pouvoir ?
À près de 12 mois des échéances, pour tous les jeunes de 18 à 33ans, l’heure est venue de se mobiliser, de mobiliser.
C’est maintenant 12 mois avant le jour du scrutin, que les 18-33 ans, doivent prendre toutes les précautions pour sanctionner ceux qui durant 15 ans ont privatisé l’état à leur profit, insensibles à la misère des autres, à la misère du plus grand nombre.
Dans tous les quartiers, dans toutes les communes, dans toutes les villes, dans toutes les provinces, les 18-33 ans sont en devoir de dresser le bilan de tout le système Kabila et de chacun de ses apparatchiks, d’en débattre et d’en évaluer l’impact.
L’heure est venue de surveiller la marche du pays pour les douze mois restants, en détectant et en dénonçant très tôt toute tentative, toute manœuvre des actuels dirigeants visant à se cramponner au pouvoir.
L’heure est venue pour se positionner très clairement dans un des deux camps, ou celui du changement et de la rupture avec la mauvaise gouvernance, ou celui du statu quo, de la fuite en avant.
Quinze ans de pouvoir s’évaluent en termes de milliers de kilomètres de routes et de chemin de fer, d’hôpitaux, d’écoles, de bourses d’études, d’habitations pour la population, d’emplois créés…
Durant 15 ans, la population, qu’a-t-elle vue de tout cela ? Rien !
Par contre, durant quinze ans, les tenants du pouvoir se sont engraissés en pillant le pays, en bradant ses richesses et en clochardisant la population. Devraient-ils encore rester à la tête du pays après fin 2016 ?
Non. Car, cela signifierait que ce serait la porte ouverte à 15 nouvelles années de galère, d’injustice, de mépris du plus grand nombre. Un véritable danger.
Et le danger c’est ceci :
Ceux qui auront 33 ans en 2016, en auront presque cinquante, quinze ans après. Ils auront ainsi raté leur vie, comme ceux qui ont 50 ans aujourd’hui ont raté la leur. Il y a quinze ans, ils n’en avaient que 35, ils croyaient encore. Aujourd’hui, ils déchantent.
La génération 18-33 ans ne doit pas se faire d’illusion face aux éventuels discours mielleux de ceux qui veulent se cramponner. Non. La génération 18-33 ans doit se mobiliser et mobiliser toute son énergie, toute sa créativité pour que 2016, soit l’année de la rupture avec la bêtise, l’égoïsme et l’aventurisme dans la gestion de l’état, du bien commun, par une caste, pour une caste, contre le plus grand nombre.
Que dans les quartiers, les classes terminales du secondaire, les instituts supérieurs et les universités naissent pour les 18-33 ans, des groupes d’échange et de réflexions; que tous ces milliers de groupes se mettent en réseaux. Que dans chaque groupe il y ait présence de différents profils et complémentarité.
Que dans les conversations de tous les jours, l’enjeu fin 2016 et l’état de la nation soient des sujets permanents de discussions et d’échanges dans les domaines suivants : politiques, économiques, sociaux et culturels.
Il est vrai, « Le pouvoir appartient au peuple ». Mais il n’y a qu’un jour par cycle de quatre ou cinq ans durant lequel le peuple a l’occasion de s’exprimer, c’est le jour des élections.
Lors des expériences précédentes, le peuple congolais a été floué. En tirant les leçons du passé, dès aujourd’hui, le peuple congolais doit déjà préparer ce prochain grand jour.
Et ce grand jour, le jour de l’élection, les 18-33 ans devront rester vigilents et collecter les résultats de tous les bureaux de vote à travers tout le pays, les rendre publics, et les protéger.
Avant d’y arriver, dès maintenant, la pression sur les gouvernants doit commencer.
La première pression, c’est de les obliger immédiatement :
- À promulguer le calendrier électoral,
- À commencer l’enregistrement des électeurs.
Oui, « Ngonga ebeti ». L’heure est venue, l'heure a sonné.
Bruxelles, le 9 novembre 2015
Cheik FITA